13/11/2020

CPIAS : un outil pour mieux appréhender les AES

La plupart des professionnels de santé sont confrontés à un AES au cours de leur carrière. Le CPIAS de Nouvelle-Aquitaine a développé un outil pour aider les établissements de santé à identifier les causes immédiates et profondes d'un AES et éviter la récidive. Anne-Gaëlle Venier, médecin de santé publique, a participé à son élaboration et évoque son intérêt.

Espace infirmier : Pourquoi cet outil ?

Anne-Gaëlle Venier : Les accidents d’exposition au sang (AES), il y en aura toujours, malgré le matériel de sécurité. Ça peut survenir à tout moment. C'est un mécanisme mais ce sont aussi des conséquences. Jusqu'à présent, aucun outil d'analyse approfondie des causes spécifiques ne concernait les AES. Lorsqu’un soignant y est confronté, il va penser à se nettoyer, à faire la déclaration, à appeler un référent. Mais il ne va pas forcément prendre le temps de dire pourquoi c'est arrivé et de comprendre. Les équipes sont démunies. C'est capital, pourtant, car ça peut permettre d'éviter les récidives.

Comment l'avez-vous construit ?

Nous avons collecté des retours de terrain, des éléments, des signalements auprès d'équipes d'hygiène, d'établissements médico-sociaux, de divers professionnels. On a pu proposer un outil qui donne des exemples assez exhaustifs de causes immédiates et de causes profondes. Comment c'est arrivé, les causes immédiates liées au geste, à la manipulation du matériel de sécurité, d'une lame, d'une aiguille, d'instruments souillés... Et pourquoi c'est arrivé, les causes profondes, liées au patient, au professionnel, à l'équipe, aux tâches, à l'environnement de travail...

Faut-il s'attendre à y consacrer du temps ?

Toute analyse des causes prend du temps. Le référent doit en avoir, s'il doit faire le point, retracer les événements, interroger quelques personnes autour de ce qu'il s'est passé, consulter des dossiers... Pour l'équipe, c'est moins long parce que toutes les données sont « mâchées » dans l'outil à remplir.

C'est un travail d'équipe...

En retraçant le parcours du soignant dans la survenue d'un AES, ça permet de montrer que ce ne sont pas des causes individuelles. Des événements, des contextes, des facteurs sont intervenus pour conduire à l'indésirable. Comment on va gérer l'AES est tout aussi important que ce qui a pu le précéder. C'est extrêmement déculpabilisant pour l'équipe. La recherche des causes n'est pas une recherche de faute !

Propos recueillis par Thomas Laborde

L’outil

Il se présente sous la forme d'un tableur Excel à remplir en équipe et qui propose de l’accompagner dans sa démarche de déclaration et recherche d’actions correctives : rassembler les informations sur l'événement, réaliser la chronologie des faits, identifier des causes immédiates, puis profondes, proposer des actions correctives. L’outil recense ainsi les différentes causes identifiées, organisées selon une typologie : liées au patient, aux tâches, à l’individu, à l’équipe, à l’environnement de travail… Des liens vers les sources utiles en matière de règlementation sont également données.

Télécharger l’outil

Les AES en chiffres

62 % des Idels sont confrontées dans leur carrière à un AES. En 2015, selon les résultats de la surveillance AES Raisin (Réseau d'alerte, d'investigation et de surveillance des infections nosocomiales), on comptait 5,7 AES pour 100 lits dont 60 % d'IDE.
Selon le Geres (Groupe d’étude sur le risque d’exposition des soignants aux agents infectieux), au 31 décembre 2018, depuis 1983, on dénombrait 14 séroconversions au VIH documentées et 36 infections présumées chez le personnel de santé en France. Douze infirmières pour la séroconversion, douze infirmières pour les infections présumées. Aucune séroconversion au VIH n'a été documentée depuis 2004. Depuis 1991, on compte 72 séroconversions à l'hépatite C, dont 49 concernent des infirmières. Si le VIH, les virus des hépatites B et C sont les trois agents pathogènes principaux, plus de 50 autres peuvent être en cause (bactéries, parasites, champignons).

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