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Les cadres de santé du syndicat Acteurs santé CFE-CGC au CHU de Nantes appelaient vendredi dernier à une rarissime grève de l’encadrement. Retour sur un mouvement social pas vraiment comme les autres.
Un mouvement social de cadres de santé, cela n’arrive pas tous les jours. C’est pourtant ce qui s’est passé le 13 novembre dernier, au CHU de Nantes : à l’initiative du syndicat Acteurs santé CFE-CGC, l’ensemble du personnel d’encadrement était appelé à se mettre en grève pour crier son désarroi face à la gestion de l’absentéisme dans les services, qui le met souvent en porte-à-faux avec ses valeurs professionnelles.
« Au CHU de Nantes, nous avons 9 500 agents non médicaux, et entre 900 et 1 000 sont absents tous les jours, explique Jacqueline Le Pennec, co-responsable du syndicat dans l’établissement. Et qui se retrouve à devoir trouver des solutions au quotidien pour avoir le bon nombre d’infirmières et d’aides-soignantes, pour rappeler les agents ? Ce sont les cadres. Certaines collègues passent 80 % de leur temps à gérer les plannings, or on n’a pas fait cadre pour faire ça. Nous sommes épuisées car c’est nous qui nous nous retrouvons à mettre en œuvre la politique de l’établissement et à être maltraitantes avec nos équipes. »
Du côté de l’administration, pourtant, on assure que des solutions sont sur la table face au problème de l’absentéisme. Contactée par Espace infirmier, la direction du CHU de Nantes cite « des actions portant sur la qualité de vie au travail (prévention des troubles musculosquelettiques, prévention des risques psychosociaux…) », mais aussi des recrutements. « Plus de 100 emplois ont été créés en 2019 », indique l’établissement, qui avance par ailleurs « un taux de remplacement en moyenne de 66 % avec des remplacements à hauteur de 100 % sur certains postes (infirmière de nuit, par exemple, secteurs normés) ».
Mais pour les cadres d’Acteurs santé CFE-CGC, ces arguments ne tiennent pas. « Bien sûr qu’ils remplacent les infirmières de nuit, ils n’ont pas le choix, c’est la loi, s’emporte Jacqueline Le Pennec. D’ailleurs, on ne dit pas qu’ils ne font rien, on dit qu’ils ne nous écoutent pas. » Et c’est justement ce manque de dialogue social entre l’encadrement et la direction qui justifie le mouvement social des cadres. « C’est pour retrouver notre place, et pour pouvoir parler d’égal à égal avec la direction, que nous avons créé ce syndicat », poursuit-elle.
Reste à savoir si le mouvement peut porter ses fruits. D’après la direction, le taux de mobilisation n’a été que de 10,3 %. Un chiffre qu’Acteurs santé CFE-CGC conteste, assurant que si on ne compte que les cadres de santé, et non pas l’ensemble du personnel d’encadrement, le taux de mobilisation est de 39 %. Et au-delà de cette querelle de chiffres, Jacqueline Le Pennec estime que le mouvement peut prendre ailleurs. « Nous sommes en contact avec de nombreuses autres cadres dans d’autres établissements qui vivent la même chose que nous », prévient-elle. Cadres de tous les hôpitaux, unissez-vous !