24/11/2020

« Étendre les mesures transitoires, c’est la mort des Ibode »

Agacé de ne pas faire partie des négociations, le collectif Inter Blocs a été reçu par la DGOS mardi 10 novembre. Une réingénierie en suspens, les actes exclusifs pour tous, mépris pour la formation... Selon la structure, la préservation de la spécialité n’est pas garantie. Rachid Digoy, le président du collectif, craint pour l'avenir de sa corporation.

Espace infirmier : Pourquoi cette réunion ?

Rachid Digoy : Le 15 octobre, lors de la manifestation, on a eu un rendez-vous improvisé avec la Direction générale de l'offre de soins (DGOS). On avait demandé pas mal de choses, notamment de rentrer dans les négociations. On trouve injuste de ne pas être intégrés alors que l’Union nationale des associations d’infirmier(ière)s de bloc opératoire Diplômé(e)s d’État (Unaibode) et nous avons un statut associatif similaire. Alors que 81 % de nos adhérents sont Ibode, on nous reproche d'intégrer des infirmiers de soins généraux qui sont, pourtant, dans les blocs, nos collègues au quotidien.

Vous semblez moins optimiste que l’Unaibode à propos de la réingénierie...

La DGOS nous a dit que des groupes de travail étaient seulement en cours d'élaboration. L'échéance de 2021 est pour nous illusoire ! Il y a un décalage entre le discours de l’Unaibode et celui de la DGOS, à savoir : « Rien n'est acté ! »

Vous estimez aussi que l’exclusivité des actes est en danger...

La DGOS nous a affirmé, le 10 novembre, qu’elle allait étendre les mesures transitoires à tous les actes exclusifs ! On avait acquis une exclusivité de fonction sur certains actes. Si vous l’attribuez à d’autres, ce n’est plus une exclusivité. On n’était pas du tout au courant ! Au départ, les mesures transitoires ont été mises en place pour trois des neufs actes exclusifs des Ibode (exposition, hémostase et aspiration). Ce décret, c’est la mort de notre spécialité.

Pourquoi ?

Des infirmiers en soins généraux vont vous dire qu’ils n’ont plus besoin d’aller se former puisqu’ils vont avoir une partie des actes exclusifs Ibode et qu’ils vont pouvoir travailler tranquillement. Donc, pourquoi faire l’école ? La formation de 21 h, pour nous, c’est une aberration. C’est un grand mépris par rapport à notre spécialité. D’un côté, les infirmiers dans une formation non diplômante n’auront aucune perspective d’évolution de carrière, de l’autre, notre spécialité va tomber dans l’oubli.

Cherche-t-on à créer du personnel interchangeable ?

C’est le but ultime, former des professionnels low cost qui peuvent aller partout, tout faire. C’est ce qu’il se passe actuellement avec le gouvernement. Toujours le même modèle, former les gens à la va-vite : quinze jours pour former un aide-soignant, dix jours pour un infirmier en réa...

Quelle est la suite ?

La DGOS a été claire : ils ne veulent pas nous intégrer. On travaille sur des recours avec notre avocat pour intégrer ces négociations. On ne veut pas en rester là, cette façon de faire n’est pas démocratique !

Propos recueillis par Thomas Laborde

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