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Le président de la République a annoncé, le 24 novembre dernier, que la vaccination contre la Covid pourrait commencer fin décembre ou début janvier. Et il semblerait que les infirmières doivent se préparer à avoir du pain sur la planche.
Ces dernières semaines, les laboratoires Pfizer, Moderna et AstraZeneca ont annoncé la mise au point de vaccins efficaces contre la Covid. Si les processus d’autorisation des différents produits et les contrats d’acquisition sont en cours, il faut aussi penser à l’organisation de la vaccination elle-même. Et sur ce dernier volet, les infirmières semblent avoir un rôle majeur à jouer.
« Pour l’instant, nous n’avons pas de visibilité sur les vaccins qui seront disponibles en premier, et sur la manière dont ils seront utilisables », avertit le Pr Élisabeth Bouvet, présidente de la Commission technique des vaccinations (CTV) à la Haute autorité de santé (HAS). Celle-ci insiste sur le fait que l’organisation dépend notamment du conditionnement des vaccins (unidose ou multidose) et des équipements nécessaires à leur conservation. La HAS doit cependant publier dans les prochains jours des recommandations, et plusieurs pistes sont à l’étude.
Élisabeth Bouvet note ainsi que si certaines villes, dont Paris, sont en train de préparer de grands centres de vaccination, le principe est « que la vaccination se fasse au plus près des personnes concernées ». Entendre : que la population soit vaccinée par les professionnels qu’elle fréquente au quotidien. On ne devrait donc pas voir fleurir les « vaccinodromes » tant décriés lors de l’épidémie de grippe H1N1, en 2009.
Autre différence avec 2009 : « On aura une stratégie de priorisation, avec l’idée de vacciner d’abord les populations les plus vulnérables en cas d’infection », souligne la présidente de la CTV. Or, souligne-t-elle, beaucoup des personnes les plus vulnérables sont aussi dépendantes, « parfois alitées », et on a tout intérêt à ce qu’elles puissent être vaccinées à domicile. Et c’est là que les infirmières en général, et en particulier les spécialistes du domicile que sont les Idels, entrent en jeu.
Mais il y a un mais. « Pour l’instant, on ne sait pas s’il y aura besoin d’une prescription médicale avant la vaccination », prévient Élisabeth Bouvet. Tout dépendra des vaccins concernés et de la phase de la vaccination (première injection ou rappel), mais il est possible qu’un médecin doive vérifier les indications avant que le patient ne puisse être vacciné. Dans ce cas, on ne se trouverait pas dans la situation du vaccin antigrippal, que les Idels peuvent administrer directement, sans prescription médicale.
Dernier sujet, et pas des moindres : l’hésitation vaccinale. Si les infirmières doivent vacciner contre la Covid, il faut qu’elles soient elles-mêmes convaincues de son utilité. Or, on sait que la profession n’est pas enthousiaste en la matière (rappelons que Santé publique France estimait en 2019 la couverture de la vaccination antigrippale à 36 % chez les infirmières). « Je pense que les infirmières, qui subissent de plein fouet cette deuxième vague, voient que sans adhésion à la vaccination, on aura encore d’autres vagues », veut croire Élisabeth Bouvet. Réponse dans quelques semaines.
Adrien Renaud