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Laurent Wauquiez, président LR de la région a annoncé le lancement, du 16 au 23 décembre, d’une campagne massive de tests de dépistage de la Covid-19 à destination de la population de sa région. Sollicitées pour y participer, les infirmières libérales ont largement répondu présent.
Programmer une campagne massive de dépistage « avant Noël » pour « mieux protéger les aînés et permettre aux familles de se réunir en prenant le moins de risques possibles », telle est l’ambition du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez. Annoncé le 17 novembre, ce projet a provoqué une polémique. Le ministre de la Santé Olivier Véran a aussitôt évoqué un « effet d’annonce », soulignant que « ni le directeur de l’Agence régionale de santé (ARS), ni le préfet n'ont été informés » de cette campagne. L’ARS a pour sa part indiquée le 20 novembre qu’il « s’agit d’une initiative du conseil régional pour laquelle l’ARS n’a pas été associée à l’élaboration du projet, ni, a fortiori, à sa mise en œuvre ». L’Agence a tenu à rappeler qu’« une telle démarche doit s’intégrer plus largement dans la stratégie nationale d’utilisation des tests antigéniques incluant notamment le lien avec la plateforme SI-DEP, le contact tracing et l’isolement des personnes positives ». Une réunion de travail a eu lieu le vendredi 20 novembre entre l’ARS et le conseil régional, au cours de laquelle ce dernier a présenté son projet, l’occasion de préciser l’inscription de celui-ci dans la stratégie nationale. Depuis, les relations semblent s’être apaisées et l’ARS se tient désormais au côté du conseil régional pour ce projet. Laurent Wauquiez insiste d’ailleurs sur le fait que l’opération s’effectue « en coordination étroite avec l’Agence régionale de santé, la Caisse primaire d’assurance maladie, les rectorats et les préfectures. Tous les résultats sont faits dans les règles de la politique nationale de tests et intégrés dans les bases de données de suivi de la Covid », tient-il à rassurer.
La président de la région aura a détaillé le 10 décembre la logistique de son opération. « 2,2 millions de tests antigéniques ont été commandés et ils seront complétés par des tests PCR, en particulier pour les lycéens qui sont un public asymptomatique », a-t-il annoncé. Du 16 au 23 décembre, 2 600 sites seront déployés dans la région pour dépister les habitants.
« Nous avons voulu labelliser tous les centres qui avaient déjà commencé à dépister avant notre action : 315 laboratoires, 344 pharmacies, 717 centre médicaux (médecins et infirmiers), 14 hôpitaux. Ainsi, 1 300 centres ont été labellisés », a développé Laurent Wauquiez. De plus, 1 300 sites éphémères vont voir le jour : 282 lycées publics, 189 lycées privés, 14 Maisons familiales rurales (MFR), 55 Centres de formations des apprentis (CFA), plus de 70 entreprises dont Suez, Valeo, Fiducial, le centre Léon-Bérard de Lyon, etc., la totalité des Services départementaux d’incendie et de secours (Sdis), 52 Établissements et service d’aide par le travail (Esat), des sites administratifs, comme les hôtels de région de Lyon et Clermont-Ferrand, qui seront également centres de tests. Des sites seront aussi ouverts sur des lieux de passage fréquentés : 16 gares, 37 grandes surfaces, un drive à Alpexpo à Grenoble. De plus, 301 communes partenaires auront un centre de dépistage temporaire sur trois jours, du 18 au 20 décembre, et 28 stations de ski auront également leur centre. Enfin, 40 cars itinérants vont couvrir 243 communes plus rurales, en particulier dans le Cantal.
Parmi les professionnels mobilisés pour cette campagne, 4 000 personnels des centres de dépistage permanent seront mobilisés, 1 500 techniciens et collaborateurs de laboratoires, 2 228 professionnels libéraux dont 191 médecins, 1 889 infirmières libérales, 128 kinésithérapeutes, 2 sages-femmes et 18 professionnels de santé retraités. Ils seront également aidés par 500 étudiants en santé que la Région rémunérera à hauteur de 150 euros la journée. Enfin, 1 500 sapeurs-pompiers et 1 000 personnes issues de réseaux de sauveteurs et de secouristes seront mises à contribution (la Croix-Rouge, les Secouristes français de la Croix-Blanche, l’Ordre de Malte, l’Union nationale des associations de secouristes et sauveteurs, la Protection civile, la Fédération française de sauvetage et de secourisme). 4 000 volontaires ou bénévoles seront par ailleurs mobilisés dans les communes. Lucien Baraza, président de l’Union régionale des professionnels de santé libéraux (URPS) infirmiers libéraux d’Auvergne-Rhône-Alpes, reconnaît que les infirmiers étaient « était un peu sceptiques au début car l’ARS ne voulait pas se mobiliser. Désormais l’ARS a donné son blanc-seing ». Pour lui, « au niveau de la logistique, cette opération est considérable. En sortant de tout schéma politique, je trouve que c’est une action de santé publique intéressante », juge-t-il. L’URPS a d’ailleurs transmis le message aux infirmiers libéraux de la région, afin que ceux qui le souhaitent puissent participer à la campagne. « Il n’y a aucune obligation, c’est sur la base du volontariat », rappelle Lucien Baraza. Pour lui, les tests ne doivent cependant pas se substituer au respect des gestes barrière. « Même si une personne est testée négative, elle doit continuer à respecter les gestes barrière et bien aérer les locaux », insiste-t-il. Par ailleurs, « malgré la campagne Wauquiez, qui permettra de rassurer les gens avant les fêtes, il faudra retester la population après les fêtes de fin d’année », prévoit-il.
Anne-Gaëlle Moulun