14/01/2021

Partenariat patient : les fondements d’une collaboration réussie

La valeur ajoutée d’un partenariat entre les usagers et les équipes de soins n’est plus à démontrer. Mais pour que les échanges fonctionnent, ils ne peuvent pas s’improviser. Une organisation et une sélection minutieuse doivent être mises en œuvre.

L’engagement du patient dans la relation de soins, et au sein du système de santé, constitue un enjeu majeur dans le champ de la santé. Cette intégration de la perspective des patients et de leur famille répond à une demande exprimée à la fois par eux et par les soignants, chercheurs ou encore gestionnaires du système de santé, en vue d’améliorer l’expérience et l’état de santé des patients ainsi que l’efficience du système de soins.

Un engagement collectif

« La notion de partenaire-patient n’est pas l’apanage du soin hospitalier, a rappelé Raymond Le Moign, directeur général des Hospices civils de Lyon (HCL), lors des Entretiens Jacques Cartier1, qui se sont déroulés le 3 novembre dernier. C’est aussi la façon de réinterroger les processus de gestion à l’hôpital comme la restauration ou l’architecture pour gérer les flux d’arrivée des patients. » En France, la démarche reste encore émergente même si l’enjeu est identifié dans le plan « Ma santé 2022 ». Le manuel de certification V2020 de la Haute Autorité de santé (HAS) l’a d’ailleurs inscrit dans ses critères. Au Québec, ces démarches sont mises en place depuis une dizaine d’années. « Le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) a développé cette notion de patient-partenaire pour répondre à la demande de la population dans une approche de soins, d’enseignement et d’innovations », a fait savoir le Dr Fabrice Brunet, président-directeur général du CHUM.

Des avantages non négligeables

Le partenariat patient consiste en « une relation de coopération et de collaboration, a rappelé Jeanne-Évelyne Turgeon, directrice qualité au CHUM. Il s’agit d’un processus dynamique et évolutif. » Il favorise l’autodétermination et l’autonomisation du patient, l’atteinte de résultats de santé optimaux avec une meilleure adhérence au traitement, l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins, et l’amélioration de la satisfaction du travail des professionnels. L’organisation tout entière en tire des bénéfices. Néanmoins, « si les savoirs expérientiels des patients doivent être partagés, ils ne doivent pas se substituer aux connaissances des professionnels de santé », a soutenu Jeanne-Évelyne Turgeon. Pour que ce partenariat fonctionne de manière optimale, il doit être préparé. Le futur patient-partenaire doit être repéré, interrogé sur son futur rôle, recruté voire formé, de même que les besoins doivent être identifiés. Il peut ainsi participer à des chantiers, de manière formalisée, pour permettre son intégration optimale dans les projets, et qu’il puisse donner son avis.

Une démarche concrète

À titre d’exemple, en France, les HCL ont mis en place un Partenariat et expérience patient en santé (Peps) avec comme stratégie de prendre le temps de construire conjointement un projet avec les représentants des usagers, les patients-partenaires et les associations de patients. « Actuellement, nous avons un projet de déploiement qui fait consensus sur l’ensemble du projet d’établissement, a indiqué Philippe Michel, directeur de l’organisation, de la qualité, des risques et des relations avec les usagers aux HCL. Nous accompagnons les équipes pilotes et, à partir de 2021, nous allons déployer le dispositif en animant le réseau des patients et en formant les partenaires. » L’enjeu est d’agir pour les patients et les proches afin d’améliorer les parcours et les pratiques des professionnels. Pour un bon déroulement, il est indispensable de constituer, au sein du service, un noyau dur de volontaires entre les médecins, les paramédicaux et les patients, et de rédiger une feuille de route Peps pour chaque démarche avec les attentes et les objectifs vis-à-vis du patient.

Laure Martin

1 Organisés depuis plus de trente ans par le Centre Jacques Cartier, chaque année alternativement en Auvergne-Rhône-Alpes, au Québec et à Ottawa, les Entretiens Jacques Cartier sont un rassemblement des acteurs et décideurs français et québécois. Il s’agit d’un espace de dialogue, d'innovations et d'opportunités bilatérales.

À découvrir

Toutes nos formations pour les professionnels de santé.

- Gestes & soins d'urgence
- Douleurs
- Management
- Droit & éthique
- SST
- Santé mentale & handicap


Télécharger le catalogue
Feuilleter le catalogue