L'équipe à l'origine de l'association lors de la distribution des EPI
© Maison de l'infirmière
Un collectif d’infirmiers libéraux s’est constitué en association fin septembre pour développer des actions de prévention et de santé publique dans la ville et les départements voisins. Si les projets sont aujourd’hui concentrés sur la crise sanitaire, la mise en lumière de la profession est un axe fort en cours de développement.
Tout a commencé en mars 2020 à Marseille. Le collectif Infirmières libérales 13 vs Covid-19 se monte afin de trouver des solutions au manque cruel d’équipements de protection individuels (EPI) pour les Idels. « Cette situation était incroyable et il fallait réagir car la médecine de ville a été lésée au début de la crise sanitaire, témoigne Handa Douafflia, aujourd’hui présidente de La Maison de l’infirmière. J’ai sollicité de très nombreuses entreprises qui ont fait des dons. Très vite, nous avons commencé une distribution hebdomadaire sous forme de drive de kits Covid et de kits classiques. Blouses, visières, masques FFP2, tabliers plastique, protections pour les voitures… Cela a duré neuf semaines et nous avons touché plus de 600 Idels. Dans cet élan, nous avons créé un réseau d’infirmiers libéraux via des groupes WhatsApp. Cela leur a permis de se sentir moins seuls, davantage soutenus et solidaires. Ce réseau a aussi fait remonter des problématiques de terrain, comme la précarité alimentaire, de notre patientèle, notamment des 15e et 16e arrondissements. »
Le mouvement s’est amplifié et beaucoup de personnes ont souhaité soutenir via des dons. Face à des frigos vides chez leurs patients, l’idée des dons alimentaires s’est concrétisée. « L’alimentation fait partie des besoins vitaux et si on ne s’alimente pas, on développe des problèmes de santé. Nous sommes donc intervenus dans ce cadre, précise Haizia Moulai, vice-présidente de La Maison de l’infirmière et Idel dans le 13e arrondissement de la ville. Les denrées étaient déposées à l’ancien McDo Sainte-Marthe transformé en base logistique pour la distribution de colis alimentaires pour les plus démunis. Puis elles étaient redistribuées dans les quartiers par d’autres bénévoles d’associations des arrondissements concernés. Matériellement, nous n’avions pas le temps de le faire. » En effet, les 200 infirmiers libéraux adhérents de l’association, dont 12 très actifs, sont tous bénévoles et s’organisent pour agir entre leurs tournées auprès des patients qui demeurent, bien sûr, leur priorité.
En fait, l’équipe de La Maison de l’infirmière souhaite agir auprès de tous les publics en grande précarité. C’est notamment le cas des étudiants qui ont perdu le job qu’ils avaient en parallèle de leurs études pour assurer leur quotidien. « Fin décembre, nous avons distribué 3,5 tonnes de dons à plus de 350 étudiants en deux jours dans une salle de sport, souligne Haizia Moulai. Nous avons donné des produits alimentaires, des produits d’hygiène et des repas gratuits. Nous étions là aussi pour apporter un soutien moral aux étudiants, échanger avec eux sur leur santé et faire de la prévention en termes de soins généraux, pas uniquement en lien avec la Covid. » Mi-janvier, de nouveaux appels ont été lancés. Ils doivent permettre de nouvelles distributions pour les étudiants d’Aix-Marseille Université en situation de précarité. Plus de 1 200 étudiants sont ainsi inscrits pour les distributions des 1er et 2 février qui se dérouleront dans les quatre Crous d'Aix-Marseille.
L’éducation a aussi rapidement été un terrain d’intervention de l’association. Elle a mené de nombreuses actions auprès des enfants, notamment celle intitulée « Les minots masqués ». « Le but est de sensibiliser les enfants au port du masque dans les écoles primaires, du CP au CM2, explique Assia Messaoudi, très investie dans l’association et Idel dans les 14e et 15e arrondissements. Nous leur montrons comment le porter et leur expliquons ce qu’est le coronavirus. Nous avons aussi créé une plaquette d’appui à notre intervention. Nous leur donnons un kit avec deux masques lavables et du gel hydroalcoolique. Pour moi, c’est une expérience très riche humainement qui me redonne un vrai coup de jeune ! » Aujourd’hui, l’association est intervenue dans quatre établissements, tout cela financée par elle-même.
Si les démarches auprès de la population sont adaptées à la crise sanitaire qui perdure, l’autre axe de l’association concerne la profession. « Le but est vraiment d’aider, de soutenir et de promouvoir la profession d’infirmier libéral, assure la vice-présidente. On voudrait dupliquer La Maison de l’infirmière dans d’autres régions et d’autres villes de France afin de créer un réseau national, apolitique et non syndical. Nous avons déjà des contacts avec la Guadeloupe et les Hauts-de-France. Mais notre projet pour 2021, c’est vraiment, dès que la situation sanitaire le permettra, de réaliser une action ciblée pour nos collègues qui les aiderait vraiment dans leur quotidien. » Grâce à l’énergie et l’enthousiasme de l’équipe, nul doute que le projet aboutira. Reste à trouver des financements privés ou des aides publiques.
Isabel Soubelet