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Dans une étude publiée mi-janvier, la caisse de retraite Carpimko montre que les infirmières libérales (Idels) souffrent particulièrement de la pénibilité au travail. Elle demande à ce que la profession puisse bénéficier de départs anticipés.
La crise sanitaire avait failli faire oublier le problème des retraites. Mais la Carpimko, elle, s’en est souvenue. Cette caisse autonome qui gère la retraite des auxiliaires médicaux libéraux (Idels, mais aussi pédicures-podologues, masseurs-kinésithérapeutes, orthophonistes et orthoptistes) a publié, mi-janvier, une étude sur la pénibilité au travail des professions dont elle a la charge. Et les résultats plaident, d’après elle, pour la mise en place d’une fin de carrière aménagée.
« L’objectif de cette étude était d’amener à une réflexion sur la réforme des retraites, afin de tendre vers une reconnaissance de la pénibilité telle que la connaissent nos collègues salariées, détaille Corinne Bourseaud, Idel dans le Puy-de-Dôme et Secrétaire générale de la Carpimko. Aujourd’hui, nous partons à la retraite à 67 ans, alors que notre étude met en évidence des taux de pénibilité élevés, notamment pour ce qui est de l’hyperstress, mais aussi de la condition physique. »
L’enquête, qui a été menée par le cabinet Stimulus entre fin juin et début juillet 2020, a concerné près de 13 000 auxiliaires médicaux, dont 6 272 Idels. On note que 73 % d’entre elles déclarent un degré d’épuisement « modéré » ou « sévère », et que 57 % présentent des manifestations de burn out.
À cela s’ajoutent des journées de travail d’une amplitude qui « atteint facilement treize à quatorze heures », pour une durée moyenne de travail de onze heures , précise l’étude. Pas étonnant, dans ces conditions, que 43 % des répondantes présentent un niveau d’hyperstress, défini comme un niveau de stress « tel qu’il représente un niveau de risque pour la santé de la personne ».
Ces facteurs psychologiques s’accompagnent de facteurs physiques. 58 % des répondantes indiquent ainsi « toujours » ou « souvent », au cours d’une journée de travail, être amenées à soulever ou déplacer des charges ou des patients de plus de 15 kg. Et 29 % déclarent avoir plus de quatre heures de trajet professionnel par jour, avec les contraintes posturales qui vont avec.
De manière plus générale, les Idels sont très souvent amenées à adopter des postures pénibles. C’est ainsi que, sans surprise, elles sont 99 % à déclarer adopter « souvent » ou « toujours » une position debout. Un chiffre qui atteint 94 % pour la position penchée en avant, et 87 % pour la position accroupie. Et 93 % déclarent « ressentir une fatigue physique ou des douleurs à cause de [leur] activité de travail ».
Mais pourquoi porter ce débat maintenant, alors que la crise du coronavirus a remis aux calendes grecques la réforme des retraites, celle-ci ayant même été qualifiée en décembre par Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale, « d’excellente première réforme de deuxième quinquennat » ? Parce que la reconnaissance de la pénibilité ne passe pas que par la réforme des retraites.
« Il y a une loi sur la santé au travail qui arrive courant février à l’Assemblée nationale, indique Corinne Bourseaud. Nous aimerions en profiter pour raccrocher les wagons, et entamer une réflexion sur la prévention de notre usure professionnelle et la mise ne place d’une carrière aménagée. » Une réflexion qui ne doit bien sûr pas, selon la Secrétaire générale de la Carpimko, passer par une augmentation des cotisations, mais « par une aide de l’État ».