Hôpital : les cadres de santé
prennent la parole

« Nous, cadres et cadres supérieurs de santé, souhaitons apporter notre soutien aux soignants de Dieppe, de Compiègne et des hôpitaux touchés violemment par les nouveaux clusters Covid. Nous entendons depuis quelques jours, de la part des médias, et parfois de nos propres directions, des propos choquants consistant à culpabiliser les professionnels de santé par rapport à des comportements soupçonnés d’être une dérive aux règles de bonnes pratiques. » Ce sont les premières phrases d’une prise de parole d’un collectif de cadres et cadres supérieurs de santé paramédicaux des hôpitaux publics, diffusée le 26 janvier. Généralement, les cadres de santé s’expriment peu. « La stigmatisation des soignants a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Et nous avons décidé de réagir », explique Axel Hoffmann, cadre infirmier à l’hôpital de Cahors (Lot) et co-auteur de cette prise de parole. Le texte met en avant les conditions de travail difficiles (salles de détente « bien trop petites », ratio soignants/patients « trop bas qui ne garantit pas une sécurité des soins optimale », par exemple) et prend la défense des équipes : « Il nous semble important à nous, cadres de santé, en tant que leaders de nos équipes de soins, de réaffirmer les efforts immenses de tous pour continuer de garantir qualité et sécurité des soins. »

Des propositions au plus près du terrain

Mais les cadres signataires de cette réaction liée à l’actualité ne comptent pas en rester là. Le collectif compte actuellement 240 membres qui échangent via un groupe WhatsApp. « Nous sommes en train de rédiger une tribune sur le rôle et la place de l’encadrement au sein de l’hôpital public », relate Alex Hoffmann. « Nous sommes la pierre angulaire des établissements de santé, abonde Florence Pinsard, cadre de santé à Pau et co-auteure de la prise de parole. Mais nous sommes peu reconnus et valorisés par la direction. Nous devons défendre nos équipes et nous-mêmes. Nous demandons à avoir de l’autonomie et une capacité de décision dans nos services. » Il s’agirait par exemple de budgets propres au service pour l’achat du petit équipement, la formation du personnel, voire une enveloppe déléguée pour la gestion des ressources humaines. « L’idée est d’être plus près du terrain et de pouvoir prendre des décisions en binôme avec le chef de service », ajoute Alex Hoffmann. « Notre collectif est apolitique et asyndical, nous ne voulons pas travailler contre les syndicats, mais mettre par écrit des propositions que nous pourrons partager », complète Florence Pinsard.