© D. R.
L’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (APHM) a lancé, début janvier, dans les Bouches-du-Rhône, le programme VigilanS. Au sein de ce dispositif, qui agit pour éviter la récidive chez les personnes ayant commis une tentative de suicide, infirmière et psychologue jouent un rôle de premier plan.
Le dispositif VigilanS repose sur un ensemble de mesures et d’outils pour maintenir un lien avec les personnes ayant tenté de mettre fin à leurs jours, assurer un recours possible en cas de difficulté ou de crise et ce, même après la sortie de l’hôpital. « L’objectif est de prendre de leurs nouvelles pour ainsi éviter la récidive », fait savoir Céline Nguyen-Lamouri, infirmière et “VigilanSeuse”, formée à la prévention du suicide.
VigilanS est né dans le Nord-Pas-de-Calais en 2015 d’un projet de recherche du Pr Guillaume Vaiva, qui voulait répondre à une problématique : l’absence de contact et de suivi des personnes prises en charge aux urgences pour une tentative de suicide. À l’époque, l’agence régionale de santé (ARS) du Nord-Pas-de-Calais propose de déployer le dispositif sur son territoire. C’est en janvier 2020, lors du Congrès de l’Encéphale, qu’Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, annonce la généralisation et le financement du programme dans toutes les régions d’ici 2021.
À l’APHM, le dispositif est organisé autour d’une équipe constituée de deux “VigilanSeuses” – une infirmière et une psychologue –, d’un médecin coordonnateur et d’un médecin chef de service. « Dans le cadre de la mise en œuvre de VigilanS, nous nous déplaçons au sein des services d’urgences et des services d’urgences psychiatriques, pour leur présenter VigilanS et leur laisser un kit d’inclusion », explique Céline Nguyen-Lamouri. Il contient des formulaires avec les informations à recueillir sur le patient – qui doit donner son accord pour son inclusion – ainsi qu’une carte ressource, de la taille d’une carte bancaire, avec le numéro de téléphone de VigilanS, joignable du lundi au vendredi de 10 h à 18 h.
Lorsqu’une équipe d’un service d’urgences prend en charge un patient à la suite d’une tentative de suicide, elle peut l’inclure dans le dispositif en remplissant le formulaire puis en l’envoyant à l’équipe de VigilanS. La secrétaire ouvre alors un dossier patient, et le logiciel programme une série d’appels entre J10 et J20, puis à six mois. « J’essaye de joindre les personnes à des horaires différents, indique Céline Nguyen-Lamouri. Si le patient décroche, je prends de ses nouvelles en respectant un contenu clinique, c’est-à-dire que je l’interroge sur la façon dont il a vécu son passage aux urgences, son recul par rapport à son acte, son parcours de soins. » Si tout se passe bien, l’infirmière rappelle le patient six mois plus tard, puis il sort de la veille de VigilanS. Mais si lors de l’appel celui-ci ne va pas bien, manifeste de nouvelles idées suicidaires ou s’il a récidivé, « je peux appeler sa personne ressource ou son psychiatre traitant et m’assurer qu’il aille bien au rendez-vous, rapporte la “VigilanSeuse”. Je peux aussi enclencher des mesures plus urgentes si je sens que c’est nécessaire ».
Lorsque l’infirmière ou la psychologue ne parviennent pas à joindre le patient, elles enclenchent alors l’envoi de cartes postales personnalisées à raison d’une par mois pendant quatre mois, l’objectif étant de prendre des nouvelles, et de rappeler qu’il existe, en cas de besoin, des personnes vers qui se tourner.