Marion Dubois, psychiatre et médecin coordonnateur
de la CUMP 13.

17/02/2021

Les CUMP aux côtés des soignants

Déclenchées lors de traumatismes psychiques à caractère collectif, les CUMP sont aux côtés des soignants, et de la population, depuis le début de la crise sanitaire. Avec des actions spécifiques et de nouveaux moyens.

À contexte particulier, mesure particulière. Depuis mars 2020, les Cellules d’urgence médico-psychologiques (CUMP), déclenchées lors d’attentats ou de catastrophes naturelles, le sont désormais dans le cadre de la crise sanitaire. « Nous traitons des problématiques sur des personnes lambda qui ont des troubles réactionnels suite à un événement, ici, la crise sanitaire, précise Nathalie Prieto, psychiatre référente nationale des CUMP et responsable de la CUMP Auvergne-Rhône-Alpes. Nous avons un maillage exemplaire et un réseau de correspondants sur le territoire très utile dans la situation actuelle. »

Être au plus près des soignants

Depuis mars, un numéro vert national a été mis en place pour l’ensemble de la population. « Il a été très utile lors du premier confinement avec de nombreux appels et des suivis, quand cela était nécessaire, par téléconsultations individuelles, poursuit Nathalie Prieto. Aujourd’hui, il y a beaucoup de souffrance psychique dans le grand public où une écoute seule peut suffire ; elle ne nécessite pas forcément des soins. »
La deuxième action a concerné la prise en charge des personnels de santé dans les hôpitaux en privilégiant une approche de proximité. « Nous avons d’abord mis en place une hotline pour les soignants mais elle a été très peu utilisée, explique Marion Dubois, psychiatre et médecin coordonnateur à la CUMP 13 (AP-HM). Lors du premier confinement, quand ils rentraient chez eux, les soignants essayaient de voir leur famille et de passer à autre chose. Il fallait vraiment aller au plus près des équipes, développer les maraudes et faire de “l’aller vers”. Nous avons ainsi mis en place des rendez-vous individuels ou collectifs pour les personnels des unités Covid, en première ligne avec les malades, dans les hôpitaux de la Timone et de la Conception, et à l’Hôpital Nord. »
Mais pour tout cela, il faut du temps, et les soignants en manquent cruellement. « Dans les services de réa, ils avaient tellement de boulot que nous faisions plutôt des débriefings au détour d’un couloir lorsqu’un soignant craquait, témoigne Dominique Lemoine, infirmière anesthésiste et missionnée à la CUMP 13 (AP-HM). De manière générale, les soignants ont du mal à demander de l’aide alors que lors du premier confinement, la peur du virus était très forte. Aujourd’hui, nous réalisons davantage de sessions collectives avec des équipes volontaires de dix à douze personnes. Elles s’adressent aux infirmières, mais aussi aux agents de services hospitaliers, aux aides-soignantes, aux cadres de santé, aux médecins et même aux psychologues. Nous intervenons toujours en binôme et tout ce qui est dit demeure anonyme. Nous faisons de la psychoéducation. Les sessions sont à la fois du soin et de la prévention (repérage) en termes d’éducation à la santé et au bien-être psychique au travail. Le but est de verbaliser ses émotions, décharger le stress, prendre du recul et redonner du sens à son vécu professionnel lors de cette période de crise qui perdure. La Covid a un impact global sur l’hôpital, l’organisation du travail et des services. » Et Marion Dubois ajoute : « Nous vivons vraiment une crise à part car nous intervenons dans la durée et pendant la crise. »

Agir pour les soignants dans les Ehpad

Pour répondre aux difficultés, certaines mesures assorties de moyens ont été prises. « Les CUMP constituées ont été dotées de moyens permanents avec désormais un psychologue et une infirmière afin de prendre en charge les aspects psychiques dans les Ehpad et les autres établissements médico-sociaux, précise la référente nationale des CUMP. Nous sommes sollicités par les directeurs d’établissements. Et quand nous y allons, ce n’est pas du luxe ! Il y a vraiment matière à apaiser et aider. Le nombre de décès sur un temps très court sur certains sites a fortement affecté de manière traumatique les personnels. La demande est très ciblée. Et pour le moment ce sont surtout des débriefings collectifs. La parole s’y libère plus facilement. »
Mais cette crise laissera des traces dans la durée chez les professionnels de santé estime Dominique Lemoine : « Beaucoup de soignants ont éprouvé un épuisement dans la confrontation à la mort. Et je n’ai jamais vu autant d’infirmières en Ehpad ou à l’hôpital qui souhaitaient arrêter leur métier ! »

Isabel Soubelet

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