Angela Visconti
ONG internationale, Mercy Ships déploie les 2 plus grands navires-hôpitaux civils au monde, l’Africa Mercy et le Global Mercy, pour fournir des soins de santé gratuits aux plus démunis. Depuis sa création en 1978, plus de 117 000 opérations chirurgicales ont été réalisées et 53 000 professionnels de santé formés. A bord, des soignants bénévoles, comme Angela Visconti, infirmière. Témoignage.
EN QUOI CONSISTE L’ACTION PORTÉE PAR MERCY SHIPS ?
Cette ONG a pour objectif d’apporter des soins de santé, principalement chirurgicaux, aux populations les plus démunies en Afrique. Elle travaille également à l’autonomisation des professionnels de santé locaux et intervient, dans cet objectif, dans leur formation. De même qu’elle participe à la rénovation des infrastructures.
COMMENT SONT IDENTIFIÉES LES PERSONNES NÉCESSITANT L’AIDE DES ÉQUIPES DE MERCY SHIPS ?
Lorsque l’ONG obtient l’autorisation d’amarrer l’un de ses bateaux pendant 8 à 10 mois dans un pays, quelques temps avant son arrivée, elle collabore avec le ministère de la Santé pour identifier les besoins de la population et déterminer dans quelle mesure nous pouvons contribuer à l'amélioration du système de santé. Des équipes de Mercy Ships viennent également relayer notre présence auprès des médecins et des hôpitaux locaux. Les patients sont ensuite sélectionnés. Nous ne prenons en charge que des soins lourds : hernies ombilicales, inguinales, tumeurs bénignes de la face, goitres thyroïdiens, genu varum idiopathique, neurofibromes plexiformes, becs de lèvres. L’ensemble des professionnels de santé intervenant à bord sont bénévoles.
COMMENT EST NÉ VOTRE ENGAGEMENT ?
J’ai souhaité devenir infirmière pour exercer dans l’humanitaire. Ces 5 dernières années, j’ai construit mon parcours professionnel dans cet objectif. Ma maman m’a appris les valeurs du partage. Chez nous, nous recevions toujours les personnes dans le besoin. C’est une évidence pour moi de redonner ce que j’ai toujours reçu à savoir un accès à l’éducation et à un système de santé. Après mes études en soins infirmiers à l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM), j’ai commencé à exercer en cardiologie à l’hôpital de Pau, d’où je suis originaire. Puis, j’ai rejoint un service de réanimation de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP). Détenir une bonne expérience aux urgences ou en réanimation est toujours un plus dans l’humanitaire. Lorsque j’ai eu 2 années d’expériences professionnelles, j’ai pu postuler à Mercy Ships et j’ai très vite obtenu une réponse positive. J’ai alors demandé une disponibilité à l’AP-HP et j’ai pu partir de février à avril 2024 en Sierra Léone, puis 5 semaines en juin/juillet, à Madagascar. Le reste du temps, je travaille en intérim en Suisse.
QUEL EST VOTRE RÔLE À BORD ?
Les bateaux sont organisés autour de plusieurs services et nous pouvons postuler en fonction de nos compétences. Les infirmières – qui viennent du monde entier – interviennent à tous les stades de la prise en charge chirurgicale : soins pré-opératoires, préparation des patients au bloc, surveillance et soins post-opératoires, éducation à la santé. La manière de travailler est vraiment différente de celles des hôpitaux, le fonctionnement est très intuitif avec des protocoles de soins détaillés à chaque étape. Nous sommes aussi toujours entourés. L’environnement est sain et bienveillant aussi parce que nous sommes tous présents pour la même cause à savoir dispenser des soins aux patients dans le besoin. Ceux que nous prenons en charge ont souvent vécu la guerre et parfois les discriminations liées à leur condition médicale. Pour autant, ils ont la force et le courage de venir sur notre navire, sans vraiment savoir ce qui va s’y passer. Les voir repartir guéris après les interventions est une énorme récompense. Ces patients changent nos vies. Nous avons besoin de soignants bénévoles, notamment francophones, car nous intervenons dans de nombreux pays où la population parle français et c’est une richesse de pouvoir échanger avec elle.
Propos recueillis par Laure Martin