Pour tenter de remédier au nombre élevé de grossesses non désirées en France, l’Institut national de prévention et d’éducation à la santé et le ministère de la Santé lancent une campagne sur la contraception.
C’est bien connu : la France présente des taux élevés de recours à l’interruption volontaire de grossesse (quinze femmes en âge de procréer sur mille contre 6‰ en Allemagne par exemple). Par ailleurs, alors que neuf femmes sur dix utilisent une contraception, une grossesse sur deux chez les 15/24 ans n’est pas prévue. Enfin près d’un quart des femmes (23 %) qui ont recours à l’IVG sont sous pilule... Moralité, les Françaises, qui utilisent massivement la pilule, ne sont pas suffisamment informées des impératifs liés à son usage et des recours en cas d’oubli. « C’est donc pour pallier ce déficit de connaissances sur les diverses méthodes contraceptives (…) que nous avons souhaité lancer cette nouvelle campagne », explique la secrétaire d’Etat à la Santé Nora Berra.
L’objectif est donc d’insister sur la variété des modes de contraception disponibles. Pour le grand public, un spot sera diffusé à la télévision, dans les cinémas et sur internet, du 28 octobre au 4 décembre. Il montre une femme qui se précipite sur son sac au beau milieu d’un hold-up, pour y pêcher avidement… sa plaquette de pilule. Une voix off commente: « Certaines femmes pensent à leur pilule quoi qu’il arrive. Si vous avez tendance à l’oublier, il y a d’autres modes contraceptifs plus adaptés. » Une annonce dans la presse complète le dispositif media, mettant en scène deux jeunes femmes qui ont « trouvé comment ne plus oublier [leur] pilule», à savoir, en changeant de méthode.
Affiches et brochure
Côté professionnels, la campagne comprend des affiches qui pourront être apposées dans les lieux de consultation, ainsi qu’une brochure « Choisir sa contraception ». Nouveauté : une petite carte, de la taille d’une carte de crédit, a été conçue pour aider les femmes à réagir à un oubli de pilule en fonction du type de contraceptif utilisé. Les professionnels pourront la remettre à leurs patientes au cours de la consultation.
Enfin, l'Institut national de prévention et d'éducation à la santé (INPES) met également à disposition de tous les prescripteurs un document intitulé « La contraception : comment mieux la personnaliser ? » En une page, celui-ci reprend les chiffres clefs de la contraception, les repères pour la consultation et les principales références bibliographiques. Cette fiche synthétique est également diffusée via la presse professionnelle depuis début octobre.
L'affaire de tous
« Si la contraception est l’affaire des femmes, c’est aussi celle des professionnels de santé, celle des parents et celle des hommes », a enfin résumé la secrétaire d’Etat. Nora Berra a indiqué au passage que le décret qui permettra aux infirmières de renouveler une ordonnance contraceptive (actuellement en Conseil d’Etat) devrait être publié d’ici la fin de l’année 2011 (comme prévu par la loi HPST promulguée en… 2009). Elle a également souligné son opposition à la proposition de loi de Bérengère Poletti concernant une contraception anonyme et gratuite pour les mineures, arguant - sans surprise en cette année pré-électorale - du respect du rôle parental en la matière. Nora Berra a enfin tenu à souligner que la pilule est un médicament qui doit être prescrit par un professionnel de santé au cours d’une consultation. Il nécessite un suivi approprié, a-t-elle insisté.
Sandra Mignot