Pour faire face à la catastrophe humanitaire, les ONG mettent en place des structures de soins et d'aide à la population, et prennent en charge les rapatriés.
Le séisme du 12 janvier, de magnitude 7 sur l’échelle de Richter, a plongé Port-au-Prince, la capitale d'Haïti, dans le chaos. Ce cataclysme s’est produit alors que l’île a essuyé quatre cyclones successifs au cours de la seule année 2008. Le tremblement de terre ne fait qu'aggraver une situation sanitaire déjà extrêmement précaire. L’aide internationale peine à parvenir aux habitants faute de moyens de communication et de réseau routier en état. Pour le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU), Ban Ki-moon, qui s’est rendu dimanche sur place, Haïti fait face « à la plus grave crise humanitaire depuis des décennies ». L'ONU compte 1746 secouristes sur la zone du séisme. C’est le pire désastre naturel auquel l’ONU a été confrontée au cours de son histoire.
Un nombre de victimes en croissante augmentation
L'OMS estime dimanche le total des victimes à près de 50 000, confirmant le bilan des autorités haïtiennes. On évalue à 250 000 le nombre de blessés, 1,5 million celui des sans-abri et plus de 25 000 le nombre de corps ramassés. Un porte-parole de l’OMS à Genève a clarifié ces chiffres, indiquant qu’ils sont fondés sur les données de la société de la Croix-Rouge haïtienne.
Gestion des corps et prise en charge des sans-abri
70 000 corps seraient déjà enterrés selon le gouvernement haïtien. Les membres du gouvernement ont annoncé l’ouverture de 280 centres d'urgence, à Port-au-Prince mais également dans les six villes qui entourent la capitale. Ils seront installés sur des places publiques, dans des cours d'école ou encore dans des églises. Ces centres doivent permettre de distribuer plus efficacement l’aide humanitaire et d’héberger les sans-abri. La sécurisation des secours est assurée par 12 500 soldats américains.
Mobilisation des organisations humanitaires du monde entier
- Le siège de l’ONU s’est effondré, provoquant le décès du chef de la délégation, le Tunisien Hedi Annabi. La Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) est dans l’incapacité d’agir en raison de la disparition de plusieurs de ses membres.
- Médecins sans frontières (MSF) a déjà accueilli des milliers de personnes blessées dans les structures présentes sur place avant le séisme. MSF a prévu de faire parvenir ce lundi un hôpital gonflable par avion-cargo. Ce matériel a une capacité d’accueil de 100 lits et comprend deux blocs opératoires, une salle d’urgence, une unité de soins intensifs.
- Médecins du Monde a envoyé vendredi dernier 40 tonnes de matériel médical, chirurgical et logistique (groupes électrogènes, tentes, couvertures, médicaments, kits d’urgence) ainsi que des équipes de médecins, infirmiers et logisticiens.
- La Fédération internationale de la Croix-Rouge a lancé un appel de fonds préliminaire de 10 millions de dollars (7 millions d’euros). La Croix-Rouge française a affrété un avion avec près de 40 tonnes de matériel : des véhicules, un élévateur, du matériel pour le traitement de l’eau destiné à 15 000 personnes (en coopération avec Veolia), 12 « shelter boxes » (cantines contenant des tentes, des kits de cuisine, de la nourriture, etc.) pour 2 000 personnes, ainsi que 10 cantines de médicaments permettant de traiter 10 000 personnes.
- Action contre la faim (ACF) rappelle que l’accès à l’eau potable est primordial et prévoit d’envoyer d’ici la fin de la semaine des usines de filtration et des produits chimiques de purification de l’eau potable. La nourriture envoyée doit pouvoir être consommée facilement (boîtes de conserve, chocolat, biscuits, pain).
Des rapatriements vers la France via la Guadeloupe
Des volontaires de la Croix-Rouge d’outre-mer et de la région parisienne s’occupent depuis vendredi 15 de l’accueil des Français rapatriés d’Haïti. Un avion effectue trois rotations par jour entre Port-au-Prince et Pointe-à-Pître, en Guadeloupe, transportant à chaque fois 35 passagers. Au total, 700 ressortissants français ont été pris en charge durant le week-end et rapatriés ensuite sur Roissy ou Orly. Le rythme devrait être maintenu dans les jours qui viennent avec une centaine de passagers par jour.
Difficultés d’accueil des équipes de volontaires
La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) a du freiner les élans de ses infirmières qui veulent aller porter secours à la population haïtienne. La présidente de la Fédération, Régine Laurent, a expliqué que les infirmières devaient attendre que des campements soient installés. Elle a dû rappeler aux infirmières qu'il n'y a pas d'eau potable, pas de nourriture, et pas de logement organisé sur place.
Catherine Hurtaud
En chiffres
Population totale: 9 446 000 habitants
Espérance de vie à la naissance h/f (années): 59/63
Espérance de vie en bonne santé à la naissance h/f (années, 2003): 43/44
Quotient de mortalité infanto-juvénile (pour 1000 naissances vivantes): 80
Quotient de mortalité 15-60 ans h/f (pour 1000): 329/236
Dépenses totales consacrées à la santé : 8.0 du PIB
Source : Statistiques sanitaires mondiales 2008 de l'OMS. Ces chiffres concernent l'année 2006.