Dans la Fonction publique hospitalière, le grand jour est arrivé ! Les élections professionnelles se tiennent aujourd’hui. Retour sur une campagne mouvementée à Marseille.
C’est le moment tant attendu par les organisations syndicales des fonctions publiques hospitalière et d’Etat. Aujourd’hui se joue une partie de leur avenir, au moins pour les quatre prochaines années. Le moment s’avère d’autant plus crucial que cette année, en raison de la réforme en cours, le scrutin des élections professionnelles se limite à un seul tour. Peut-être ces bouleversements expliquent-ils la campagne mouvementée qu’ont connue les agents de l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) ces dernières semaines…
Au-delà des affichages, tracts et autres moyens de communication classiques, la campagne marseillaise a eu recours à des stratégies plus hautes en couleurs… Début septembre, Force ouvrière (majoritaire avec près de 40% des voix) appelle les infirmières à une grève des astreintes à partir du 26 septembre. Quelques jours plus tard, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO vient à Marseille pour apporter son « soutien à la section FO de l'AP-HM qui se bat contre une direction qui ne respecte pas les accords qu'elle a pourtant signés ».
"Co-gestion"...
A partir du 5 octobre, les événements se bousculent soudain. FO déploie un campement rue Brochier, devant le siège de l'AP-HM. « Les 24 permanents étaient là tous les jours, sept d’entre eux ont dormi sur place et deux rassemblements de 500 personnes ont eu lieu », témoigne Marc Katramados, secrétaire général de FO à l’AP-HM. Pourquoi ? « Parce que le directeur général revient sur toutes les décisions signées avec le syndicat majoritaire », fulmine-t-il.
Dès le 7 octobre, la contre-attaque est en marche. Quatre des six autres syndicats (Sud, CGT, CFDT et CNI) forment une coalition. Lors d’une conférence de presse commune, ils dénoncent « la manœuvre grossière de FO ». « Ce syndicat mène une cogestion avec la direction depuis des années. Il a signé ce fameux protocole il y a deux ans (1), et six mois avant les élections, FO divorce de la direction (...) La situation à l’AP-HM est particulièrement grave, à tel point que quatre syndicats décident de faire front commun », insiste Eric Audouy, vice-président de la Coordination nationale infirmière (CNI) qui suspecte « des magouilles » dans le recrutement des catégories C.
Démocratie syndicale
A leur tour, les Parisiens s’en mêlent. François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, déboule à Marseille, dans le cadre d’une tournée sur l’ensemble du territoire national. Il regrette alors qu’il n'y ait à Marseille « pas une vraie démocratie syndicale ». Le jour même, Jean-Claude Mailly réplique et appelle son homologue à « garder son calme ».
Fin du spectacle le 17 octobre. Deux jours avant le scrutin, FO lève le camp. « Ils avaient peur que les élections soient annulées, ironise Eric Audouy. Mais ils assurent qu’ils reviendront camper dès lundi… » Promis, juré, FO a déjà son paquetage prêt. « Même si…», commence Marc Katramados, avant de se raviser: «Surtout si nous gagnons, nous reviendrons camper dès le 24. » Chiche ?
Marjolaine Dihl
1 - Le protocole d’accord célébré en grandes pompes en janvier 2010 posait FO comme partenaire privilégié de la direction de l’AP-HM.