Les pratiques de recrutement innovantes inspirent aussi le service public. À Nantes, le CHU organisait, mardi 4 avril 2023, un job-dating spécial soignants. Objectif : pourvoir plus de 80 contrats à durée déterminée pour l’été prochain mais également des postes en CDI.
Son CV en main, Aurélie, 29 ans, attend patiemment son tour devant le stand du pôle de médecine ambulatoire. En poste depuis trois ans dans une clinique privée de Nantes (44), l’IDE aspire depuis quelques mois à exercer dans le public. À l’instar de centaines d’autres soignants ou futurs soignants, elle est venue tenter sa chance au job-dating organisé mardi 4 avril par le CHU de Nantes. « C’est une bonne occasion de rencontrer directement l’équipe de professionnels. Je sais que ma demande est très ciblée, mais au pire, je repartirai avec un contact. C’est toujours mieux que rien », relativise la jeune femme. Après une première édition couronnée de succès en janvier dernier, ce nouveau job-dating, version printanière, s’adresse cette fois spécifiquement aux soignants (IDE, aides-soignants, auxiliaires de puériculture). Objectif : combler les lignes de remplacement pour la période estivale. « On a encore besoin d’une trentaine d’IDE et d’une soixantaine d’aides-soignants. Si on reçoit beaucoup de candidatures par ailleurs, ce type d’événements est complémentaire car il attire du monde », se réjouit Maëlys Le Bihan, responsable RH en charge du recrutement au CHU de Nantes. Premier employeur des Pays de la Loire avec 13.000 salariés, l’établissement a recruté l’année dernière 1700 personnes pour pallier les départs en retraite, le turnover et les divers congés. Grâce au job-dating, l’idée est aussi de redorer son blason auprès des jeunes générations, en particulier des étudiants présents en très large majorité ce jour-là. « Le fait d’être visibles ça ne peut pas nous faire de mal dans un contexte où la pénurie de personnels touche toutes les structures de santé », poursuit la responsable RH.
Opération « séduction »Dans une grande salle voûtée de l’hôpital Saint-Jacques, un des 11 sites du CHU situé au sud de la ville, les candidats défilent devant les stands déclinant les différentes spécialités. Seule condition pour participer : présenter un CV. À la clé, si les attentes respectives correspondent, un poste en CDD ou CDI. Au stand du pôle médecine, urgences et prévention, la pêche aux candidats a notamment été fructueuse. À mi-journée, 20 personnes avaient déposé leur CV, dont 5 étaient repartis avec une promesse d’embauche ferme pour cet été, et plusieurs autres devaient être rappelés à la rentrée prochaine. « Certains profils nous ont tout de suite beaucoup plu, mais ils n’étaient pas disponibles avant septembre. Grâce à cette première rencontre, moins formelle qu’un entretien lambda, on a déjà une bonne idée des compétences et du savoir-être des candidats. C’est tout l’intérêt de ce type de démarche qui nous fait gagner un temps précieux des deux côtés », applaudit Gwénaëlle Marcelin, cadre de santé dans ce service. Ce premier échange en face-à-face s’avère en outre bénéfique pour lever les représentations qui persistent chez les futurs soignants autour de certaines disciplines. « En psychiatrie, nombre de personnes ont une idée fausse de la réalité d’un service comme le nôtre. Lorsqu’elles s’arrêtent pour discuter, on peut leur parler de notre quotidien, mettre en avant les avantages de notre secteur et ainsi les convaincre de nous rejoindre », explique Éric Berche, cadre supérieur de santé au pôle psychiatrie et santé mentale du CHU de Nantes. Une opération « séduction » qui, comme en janvier dernier lors du précédent job-dating, a à nouveau fait recette. « Nous repartons avec 8 CV dont 2 de personnes qui seront convoquées pour un second entretien. C’est un bilan positif. De toutes façons, on est prêts à faire toutes les manifestations possibles pour valoriser nos métiers », prévient le responsable. Par chance, l’occasion devrait se présenter régulièrement à l’avenir, le CHU prévoyant de réitérer ce rendez-vous au moins une fois par an, voire, avertit Maëlys Le Bihan, « deux fois par an en fonction du bilan de cette journée. »