L’Institut Gustave Roussy (IGR) de Villejuif organisait mardi sa cinquième « Journée enfants/parents malades ». L’occasion de comprendre, pour mieux le prévenir, le traumatisme que constitue pour un enfant l’hospitalisation de l’un de ses parents gravement malade.
« Le but est de prévenir au mieux les conséquences immédiates et futures de l’hospitalisation du parent pour l’enfant », a souligné François Blot, médecin réanimateur dans le service d’anesthésie-réanimation de l’IGR. Habituellement interdite dans ce genre de service, la présence de l’enfant a été autorisée dans le service d’anesthésie-réanimation de l’IGR après une réflexion éthique globale sur l’accueil et l’information des patients et des familles.
L’autorisation de la présence des enfants y est cependant très encadrée: la proposition en est d’abord faite au patient -s’il est conscient- ou au parent le plus proche. L’enfant est préparé et informé de ce qu’il va découvrir par un binôme infirmière/médecin. Puis il est accompagné auprès de son parent malade, où l’on répond encore à ses questions si besoin, avant de le laisser progressivement dans l’intimité. Avant de quitter le service, l’enfant est encore reçu par le binôme pour un autre moment de parole.
« Résultat : aujourd’hui, près de 80 % des parents et plus de 90 % des soignants expriment un avis très favorable à la visite de l’enfant », a conclu François Blot.
Danielle Colsenet a perdu sa mère lorsqu’elle avait 10 ans. Aujourd’hui âgée de 48 ans, elle témoigne : « Ne rien dire à l’enfant, le tenir à l’écart équivaut à creuser un trou, un vide, un manque. »
À Nancy, depuis 1 an, les Mercredire réunissent enfants et parents au fil de trois séances hebdomadaires, entourés d’un binôme médecin/psychologue, la deuxième séance étant exclusivement réservée aux enfants. À Brest, les mercredis d’Oscar se basent, eux, sur une série de deux séances durant lesquelles enfants et parents sont présents. « L’existence de ce groupe permet une anticipation des médecins qui évaluent dès la consultation d’annonce la communication intrafamiliale autour de la maladie et peuvent proposer un suivi psychologique particulier», note Annaïck Cariou, psychologue au CHU de Brest.
Nicole Landry-Dattée, psychanalyste, et Marie-France Delaigue-Cosset, anesthésiste à l’Institut Gustave Roussy (IGR) ont présenté On veut la vérité… avec des mots gentils, un film tourné dans le cadre de leur groupe enfants -le premier créé en France, il y a 12 ans.
Françoise Ellien, psychologue et directrice du réseau Soins Palliatifs et de Support en Essonne Sud (SPES) a ensuite présenté les spécificités de l’accompagnement au domicile : « Près de 20 % de nos prises en charge s’adressent aux enfants et aux adolescents. Avec toujours l’idée d’inciter et d’aider le parent à parler à son enfant. »
Sandra Mignot