Alcoolisation des jeunes : des facteurs sociaux-familiaux augmentent les risques d’abus et de dépendance | Espace Infirmier
 
01/04/2009

Alcoolisation des jeunes : des facteurs sociaux-familiaux augmentent les risques d’abus et de dépendance

Plusieurs enquêtes récentes ont permis d’identifier des facteurs sociaux-familiaux et personnels associés à un risque accru d’abus d’alcool ou de dépendance à l’alcool chez les jeunes, à en croire les scientifiques qui sont intervenus lors de la session du Medec (1) consacrée à l’alcoolisation des jeunes. Ainsi les résultats de l’enquête Sage (2) et de l’enquête de l’Ireb (3) sur les abus et la dépendance des jeunes à l’alcool en France, mesurés selon les critères de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sont-ils concordants en termes de prévalence, soit 16% des garçons et 6% de filles pour l’abus et 6% des garçons et 2% des filles pour la dépendance.


« La tranche d’âge 18-22 ans est de loin la pire à cet égard », souligne Marie Choquet, épidémiologiste et directrice de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), même si, observe-t-elle, il ne faut pas perdre de vue que « le problème de l’alcool en France est plutôt un problème des adultes que des adolescents ».


Parmi les facteurs sociaux-familiaux prédictifs, « le fait que le père ait un problème d’alcool augmente beaucoup le risque d’une consommation d’alcool abusive chez les garçons », note Marie Choquet. Chez les filles également. Chez ces dernières, un autre facteur augmente plus de quatre fois le risque de dépendance à l’alcool: il s'agit de l’abus sexuel. Enfin, chez les filles comme chez les garçons, des troubles comportementaux ou une tendance à la dépression avant l’âge de 15 ans sont clairement prédictifs d’abus ou de dépendance à l’alcool plus tard.


Jean-Pascal Assailly, psychologue et chercheur à l’Institut nationel de recherche sur les transports et leur sécurité (Inrets), fait le même constat. « Les garçons fils d’alcoolo-dépendants sont une population à risque », note-t-il. « Ils ont une vulnérabilité génétique en cela que l’alcool ne leur fait pas grand-chose, ils sont donc obligés de boire plus pour être dans le même état que leurs copains » et risquent par ce biais de devenir eux-mêmes alcoolo-dépendants, explique-t-il.


Par ailleurs, « l’exposition prénatale à l’alcool joue sur la précocité de la consommation du jeune qui est elle-même un facteur de risque de consommation pathogène », ajoute Jean-Pascal Assailly. Il met en garde également contre un certain phénomène de mimétisme : « Quand il y a de l’alcool à la maison, il y a plus de chances d’imitation », relève-t-il. Pour lui, le fait de proposer la consommation d’alcool dans le milieu familial ou de la laisser libre est « un facteur de risque très net ».

Plus généralement, il souligne la méconnaissance qu’ont certains parents de leurs propres enfants. A titre d’exemple, il cite le grand nombre de fois où des parents, interrogés sur les pratiques festives de leur adolescent, reconnaissent que celui-ci participe à des soirées fortement alcoolisées, tout en affirmant que seuls ses amis boivent et pas lui. C’est pourquoi, « pour pouvoir continuer à les protéger », encore faudrait-il un peu mieux connaître les adolescents et ne pas les fantasmer, M. Assailly.


C.A.

(1) Congrès annuel de formation continue des médecins généralistes qui s’est tenu du 11 au 13 mars à Paris.

(2) L’enquête «Susceptibilité Alcool Génétique x Environnement» date de 2007 et a porté sur 3.000 jeunes adultes de 18 à 22 ans, scolarisés (18-22 ans).
(3) L’enquête de l’Institut scientifique de recherches sur les boissons date également de 2007 et a porté sur 1.800 adolescents et jeunes adultes de 13 à 24 ans.

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