Améliorer l’accès aux soins des handicapés

Aujourd’hui encore, « les personnes handicapées éprouvent des difficultés pour accéder aux soins de base, par exemple gynécologiques ou bucco-dentaires, qui doivent souvent être effectués à l’hôpital », a souligné la ministre déléguée aux Personnes handicapées, Marie-Arlette Carlotti, lors d’un colloque consacré à l’accès aux soins et à la santé des personnes handicapées, le 15 janvier. « Il faut faire en sorte que les professionnels soient formés au handicap, a-t-elle ajouté. Nous le devons pour que plus aucune demande de soins ne soit refusée. »

Cette journée sera suivie de neuf ateliers thématiques sur la formation, la prévention ou encore les urgences. L’ensemble de ces travaux viendra nourrir le rapport que Pascal Jacob, président de l’association Handidactique, doit remettre au ministère des Affaires sociales en avril.

Problèmes de formation et d’écoute

Fil rouge de la journée, le film Si tu savais, réalisé par Handidactique, mêle témoignages de personnes handicapées, d’aidants et de soignants. Au travers des anecdotes et drames personnels relatés par les protagonistes, des problèmes récurrents se dessinent, parmi lesquels le manque de connaissance du monde du handicap de la part des professionnels de santé ainsi qu’une écoute insuffisante des aidants. « À l’hôpital, on ballotte ma fille de service en service car on ne sait pas dans quelle case la mettre », raconte une maman. « On est prioritaire à la caisse du supermarché, je ne comprends pas pourquoi on ne l’est pas aux urgences », s’indigne une autre. « Souvent, on n’a pas le temps d’écouter les familles et on se retrouve en souffrance, cela devient intolérable », plaide un urgentiste. Parfois, un retour d’expérience positif émerge. « On a eu une personne polyhandicapée qui a été prise en charge par des infirmières nouvellement diplômées, mais qui avaient effectué un stage chez nous, se souvient une cadre du secteur médico-social. Ça s’est très bien passé. »

Coordination

Réunis en tables rondes, une vingtaine de professionnels de la santé, du secteur médico-social ainsi que des responsables associatifs ont ensuite formulé des propositions pour améliorer la prise en charge des handicapés à l’hôpital. D’abord, ils se sont accordés sur la nécessité de confronter les soignants au handicap dès leur formation initiale, par exemple en développant les formations en alternance et les stages de découverte. La création au sein des hôpitaux d’équipes de liaison chargées de l’accueil des handicapés ainsi que d’un « kit d’urgences » regroupant toutes les informations utiles sur la personne a aussi été évoquée. Enfin, les intervenants ont estimé qu’il était nécessaire d’améliorer la coordination entre les professionnels de santé, que ce soit grâce à un dossier médical sur clé USB ou à la création de postes de coordonnateurs. Un rapport d’étape reprenant ces premiers éléments doit être remis au ministère en février.

Texte et photo: Hélène Colau