04/02/2010

Anorexie et toucher thérapeutique, une recherche infirmière

Une équipe d’infirmières de l’hôpital Sainte-Anne, à Paris, s’est engagée dans une recherche scientifique destinée à évaluer l’efficacité du toucher thérapeutique auprès de patientes anorexiques.

La présentation de cette étude a suscité l’enthousiasme des participantes aux dernières journées de l’Arsi (Association de recherche en soins infirmiers) organisées les 21 et 22 janvier à Paris. Il s’agit en effet d’une des premières recherches infirmières en psychiatrie, financée qui plus est par l’hôpital (1). Le protocole scientifique de l’essai clinique a entièrement été mis sur pied par les infirmières de l’unité des troubles du comportement alimentaire et leurs cadres de santé.

Pour mener à bien leur recherche et définir la méthodologie scientifique, les infirmières de Sainte-Anne se sont rapprochées des biostatisticiens de l’unité de recherche clinique (URC) de l’hôpital Cochin. La randomisation, c'est-à-dire la constitution de deux groupes d’étude selon des méthodes statistiques, est effectuée par l’URC.

Si le psychiatre responsable de l’unité fait signer les consentements aux patientes, ce sont les infirmières de l’équipe qui se chargent de les informer sur le protocole. « Alors qu’habituellement elles sont déjà sollicitées six à huit fois lors de leur hospitalisation pour participer à d’autres recherches biomédicales, seules deux patientes ont refusé d’être incluses », précise Christine Colson, cadre supérieur de santé et responsable scientifique de l’étude. 

Groupe témoin

L’objectif de cette recherche clinique actuellement en cours est d’évaluer l’efficacité du toucher thérapeutique sur la perception de l’image du corps chez les patientes adultes anorexiques. Toutes les infirmières qui participent à la recherche ont reçu la même formation au toucher thérapeutique.

À terme, 25 patientes seront incluses dans le groupe référent toucher thérapeutique et 25 autres patientes dans le groupe témoin. Pour des raisons éthiques, les patientes du groupe témoin bénéficient également de soins infirmiers de type entretien de relation d’aide thérapeutique. La durée du programme thérapeutique proposé aux patientes est de dix semaines plus une séance à deux mois de la sortie.

L’efficacité des deux techniques de soins est comparée à l’aide d’outils d’évaluation spécifiques – que les chercheurs infirmiers ne souhaitent pas dévoiler. Les évaluations sont réalisées par des infirmières qui ne sont pas en contact avec les patientes pendant leur hospitalisation. « Nous protégeons notre étude que nous avons l’intention de publier dans une revue », ajoute la responsable scientifique de la recherche. L’équipe espère faire connaître ses résultats à l’horizon 2012, si tout va bien. Selon les cadres de santé de l’unité, cette recherche apporte beaucoup à l’ensemble de l’équipe. En dépit de l’importance de la charge de travail supplémentaire, elle permet en effet de mobiliser l’ensemble des soignants autour d’un projet fédérateur.

Joëlle Maraschin

1- Agréée par le comité de protection des personnes compétent ainsi que par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil).

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