Le 20 août, 241 personnels soignants et pompiers sont arrivés en Guadeloupe pour prendre la relève des renforts présents depuis le10 août dernier.
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La Guadeloupe et la Martinique font, depuis plusieurs semaines, face à une vague de coronavirus dévastatrice. Pour prêter main-forte aux soignants locaux, épuisés, plusieurs centaines de blouses blanches venues de métropole se sont portées volontaires.
Ils sont, à ce jour, environ 400 soignants de l’Hexagone à s’être rendus en Guadeloupe et en Martinique en réponse à l’appel lancé par Olivier Véran le 8 août dernier. Leur objectif ? Venir en aide à leurs confrères antillais qui, sous la double pression d’un taux de vaccination en berne et d’un variant delta particulièrement contagieux, voient leurs capacités de prise en charge débordées. Un bel élan de solidarité au milieu d’une situation épidémiologique que tous s’accordent à qualifier de catastrophique.
« Nous assistons à un afflux massif aux urgences, qui sont vraiment pleines à craquer, s’alarme David Ruamotu, cadre de santé formateur à Amiens (Somme), arrivé mi-août à l’hôpital de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe. Il y a très peu de places disponibles dans les services, et certains patients attendent 24 heures sur des brancards. » Une situation que confirme Marjolaine Benard, aide-soignante à l’hôpital de Fécamp (Seine-Maritime) qui s’est elle aussi portée volontaire et qui a été affectée aux urgences du CHU de Pointe-à-Pitre. « Les gens sont sur des chaises, sur des fauteuils, décrit-elle. Beaucoup sont sous oxygénothérapie, mais nous n’avons pas assez de prises murales, nous sommes obligés de les doubler avec des Y pour oxygéner deux personnes sur une seule prise. »
À cette situation extrêmement tendue s’ajoute la tristesse que représente le fait d’avoir à prendre en charge des patients bien plus jeunes que lors des vagues précédentes. C’est ce que déplore Romain Afonso, infirmier au Centre médico-chirurgical « Les Cèdres » de Brive-la-Gaillarde (Corrèze) qui fait partie de la vingtaine de soignants du groupe Elsan venus en renfort aux Antilles. « Les lits de réa étaient tout le temps pleins, avec des patients plutôt jeunes, témoigne le jeune homme qui est rentré en métropole mi-août. Les malades avaient en moyenne entre 35 et 50 ans, sans trop de comorbidités. »
Élan de solidarité
Cette situation dramatique, que découvrent les renforts, pèse sur les soignants locaux depuis plusieurs semaines déjà. Steeve, infirmier au CHU de Pointe-à-Pitre, en témoignait le 23 août dernier auprès de nos confrères de Guadeloupe La 1ère. « La pression qu’on vit en tant qu’infirmier…, soupirait-il. Il y a toute une procédure, afin de prendre en charge une nouvelle personne, qui peut prendre un certain laps de temps. Il faut qu’on divise ce laps de temps par deux ou par trois pour prendre plus rapidement des personnes dans les lits. Parce que les places sont très restreintes. Cela joue beaucoup sur notre moral, effectivement. »
Malgré ces moments difficiles, le travail au sein des équipes semble avant tout marqué par un fort sentiment de solidarité. « J’ai eu un très bon accueil de la part des équipes soignantes, médicales ou paramédicales, témoigne David. Et la cohésion de groupe est extrêmement importante dans ce qu’on a traversé : il y a toujours quelqu’un avec qui échanger sur ce qu’on a vécu de difficile dans la journée. C’est une réelle force de notre groupe de renfort. » D’ailleurs, certains ont choisi de rester plus longtemps que prévu. C’est le cas de Marjolaine, qui devait s’envoler pour la métropole au bout de deux semaines, mais qui a choisi de rester au moins une semaine de plus. « J’ai des collègues qui sont épuisés, mais moi, j’ai encore la force, et si j’avais dû partir à la date initialement prévue, j’aurais eu un goût d’inachevé », glisse-t-elle.
Heureusement, la situation épidémiologique semble depuis quelques jours connaître une légère embellie : le nombre de cas positifs dans les deux îles a, d’après l’outil en ligne Covid Tracker, atteint un pic à la mi-août. Reste aux soignants, qu’ils soient insulaires ou métropolitains, à tenir le temps que ce fléchissement se répercute sur le nombre d’admission aux urgences et en réa.
Adrien Renaud