Estelle Lagarde, photographe et architecte, présente l’expo-photo extraite de son ouvrage La Traversée imprévue. La série d’autoportraits illustre le parcours de l’artiste depuis l’annonce d’un cancer du sein jusqu’à la guérison.
« Ce qui compte, ce n’est pas ce qu’on endure, c’est la manière de l’endurer. » C’est ainsi qu’Estelle Lagarde résume la démarche qui l’a conduite à se mettre en scène et à se photographier tout au long de l’épreuve personnelle que représente le traitement d’un cancer du sein. Les images, complétées de textes à la fois simples et intimes, chroniquent – à la façon d’un journal intime, les étapes de ce que cette photographe de métier a vécu comme un voyage. L’annonce du diagnostic, d’abord, à l’âge de 34 ans : « Très vite il m’a fallu trouver un dérivatif, explique la jeune-femme. J’allais faire quelque chose de ce cancer, ce n’est pas lui qui ferait quelque chose de moi. » Puis, l’interrogation sur l’origine du mal, le vécu des traitements, les effets secondaires, le regard des autres, les relations avec l’entourage et l’intimité avec son compagnon. « Un jour je lui ai demandé ce que ça faisait de faire l’amour avec une femme chauve, mais en fait il ne s’était jamais lui-même posé la question... » Bien sûr, les peurs aussi et puis le soulagement. « J’ai pu exorciser, au fur et à mesure qu’ils venaient à moi, les questionnements, les angoisses, les sentiments négatifs en les exprimant dans les textes et en créant des images», écrit-elle.
Chaque cliché, daté et essentiellement en noir et blanc, est marqué par une recherche esthétique qui est le propre du travail d’Estelle Lagarde, connue pour différentes séries photographiques et notamment un travail sur l’ancien hôpital Richaud de Versailles. L’exposition permet surtout au visiteur d’approcher l’intimité d’une femme parfois en souffrance, certes, mais toujours portée par la création artistique.
Texte: Sandra Mignot
Photo: Estelle Lagarde
Présentée dans le cadre d’Octobre rose, l’exposition La traversée imprévue (adénocarcinome) est visible le 25 octobre prochain à l’Institut Curie, 12 rue Lhomond, 75005 Paris
L’ouvrage, paru en octobre 2010 est disponible aux éditions La Cause des livres