Une rencontre de formation à l’intention des personnels paramédicaux était organisée le 4 novembre par l’INVS, visant à mieux former les soignants au dépistage et à la prise en charge des troubles du sommeil.
Infirmières scolaires, infirmières du travail, psychologues du travail, sophrologues… ils étaient plus d’une centaine, le 4 novembre dernier, à s’être réunis à l’Hôtel Dieu, à Paris, à l’occasion de la première journée paramédicale du sommeil, organisée par l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV). Objectif de la journée : donner aux professionnels les moyens de dépister et prendre en charge des troubles du sommeil souvent méconnus. Alors que les insomnies chroniques toucheraient 25 % de la population, le syndrome d’apnée du sommeil entre 2 et 9 % et les troubles de l’horloge biologique, 3,5 %, « les médecins généralistes et l’ensemble des personnels de santé ne sont pas suffisamment formés sur ces pathologies », constate en effet Damien Léger, président du comité scientifique de l’INSV.
Ces troubles sont d’autant plus importants à dépister qu’ils peuvent être à l’origine de nombreuses complications. Le syndrome d’apnée du sommeil (SAS) constitue ainsi un facteur de risque cardio-vasculaire avec, à moyen ou long terme, la possibilité de développer une hypertension artérielle, une maladie coronaire, une ischémie myocardiaque, ou des troubles du rythme et de la conduction cardiaque... Il est également facteur de risque d’AVC et peut générer une insulino-résistance.
Hygiène du sommeil
Médecins généralistes comme paramédicaux pourraient pourtant prendre en charge une partie des plaintes formulées par leurs patients s’ils étaient davantage formés. « Mais même l’hygiène du sommeil est assez mal connue, y compris par les professionnels », poursuit le professeur Léger. Former les paramédicaux aux premières mesures à rappeler était donc l’un des objectifs majeurs de la journée.
A eux de donner aux patients des règles d’hygiène simples, mais essentielles : des horaires de sommeil réguliers, la prise d’un repas léger le soir, la pratique sportive, l’attention à apporter au bruit et à la lumière dans la chambre. Les spécialistes déconseillent également la consommation d’excitants le soir et la pratique de sport violent dans les six heures précédant le coucher. Le travail intellectuel sur écran doit également être interrompu plusieurs heures avant d’aller au lit. « Il faut aussi éviter d’essayer de dormir à tout prix, rajoute Virginie Bayon, chef de clinique au centre du sommeil et de la vigilance de l’Hôtel Dieu. Se coucher sans être fatigué ni ressentir de signes d’alerte (picotement des yeux, baillement, etc.) procure du repos mais nuit à l’efficacité du sommeil. »
Des outils ad hoc
Les paramédicaux réunis le 4 novembre ont pu aussi se familiariser avec « l’agenda du sommeil », un des outils à leur disposition pour aider les patients à prendre conscience de leurs difficultés. Il s’agit d’un tableau, sur lequel le patient indique chaque matin son heure de coucher et d’endormissement, les heures de réveil, les traitements pris, la qualité de la nuit passée… des éléments nécessaires aux professionnels pour aider à poser, ou non, un diagnostic de trouble du sommeil. « L’agenda permet également au patient de prendre conscience de ses difficultés, tout comme il peut l’aider à les relativiser s’il permet de constater que certaines nuits sont correctes et que la structure du sommeil est bien présente », note Virginie Bayon. L’analyse du document peut aussi être l’occasion de faire le point sur les conseils d’hygiène du sommeil et, lorsqu’il est tenu sur la durée, de mettre en évidence l’amélioration ou la dégradation d’une situation. « Cela peut aussi être un outil pratique pour les transmissions infirmières entre équipes de nuit et de jour », suggère Max Elbaz, technicien du sommeil et président de la Société française des techniciens du sommeil.
Sandra Mignot
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