11/07/2014

Le Chikungunya frappe les Antilles

Pour aider la Guadeloupe et la Martinique à faire face à cette épidémie généralisée, des réservistes sanitaires ont été dépêchés par le ministère. À ce jour, la maladie a touché près de 100 000 personnes, donné lieu à 1000 hospitalisations et provoqué indirectement 33 décès.

Le Chikungunya fait son chemin à travers les Caraïbes. Même si de nombreux efforts de prévention ont été déployés, depuis le début de l’épidémie, à l'automne dernier, 10 à 15 % de la population a déjà consulté un généraliste avec les signes évocateurs de l’infection (1); mais, c’est probablement le double de la population qui est concernée. « Les gens qui savent qu’il n’existe aucun traitement et qui n’ont pas besoin d’un arrêt de travail officiel ne vont pas consulter pour revenir avec une simple ordonnance de paracétamol », remarque Clara de Bort, chef du pôle réserve à l’Établissement de préparation et de réponses aux urgences sanitaires (Eprus).

Du côté des établissements de soins, l’accueil aux urgences a été dûment préparé. « Dès le début de l’épidémie, en novembre, lorsque nous avons constaté que les passages aux urgences avaient doublé, nous avons ouvert 12 lits supplémentaires dans des services désaffectés, explique Christophe Blanchard, directeur adjoint du centre hospitalier Louis-Constant Fleming, à Saint-Martin, la première île de la région touchée par le virus. Nous n’avons pas eu à les utiliser car il y a eu très peu d’hospitalisations consécutives au Chikungunya. »

Des consultations spécifiques

Dans l’ensemble, les services d’urgences résistent bien. Quatre missions d’expertise ont déjà été envoyées par l’Eprus à la demande du ministère et des ARS de Martinique et de Guadeloupe. « Nos équipes ont aidé les agences à préparer leurs activités autour de la communication, des systèmes d’information, de la mobilisation de la médecine libérale et à pré-organiser l’ouverture de consultations avancées spécifiquement dédiées au Chikungunya, même s’il n’a pas été nécessaire, jusqu’ici, de les activer », rapporte Clara de Bort. L’apport des équipes de l’Eprus a également permis de recruter des réservistes localement.

Enfin, une mission de soin a été déclenchée début juillet afin de compléter l’équipe du centre hospitalier de Basse-Terre, en Guadeloupe. Cinq infirmières, un urgentiste et un généraliste apportent actuellement leur concours à l’accueil général des urgences. « Le centre hospitalier avait mis en place des lits supplémentaires, mais il y avait une augmentation de l’absentéisme qui impliquait de rappeler des professionnels sur leur temps de repos ou de congé, ce qui risquait de mettre les équipes en difficulté, explique Christel Prangères, directrice des soins à la retraite ayant participé à l’une des missions d’expertise de l’Eprus en Guadeloupe. Leur arrivée a vraiment permis de soulager l’organisation des soins. »

Absentéisme des professionnels de santé

Ailleurs, l’absentéisme des professionnels de santé ne pose, jusqu’à présent, pas de difficulté spécifique. « Nous avons rédigé un plan de continuité de l’activité, qui serait déclenché si 25 % de notre personnel est absent ou si nous constatons une augmentation fulgurante des congés maladie, explique Christophe Blanchard. Dans ce cas, nous ferions appel à des remplaçants, voire aux réservistes de l’Eprus. »

Car tout peut basculer. Même si Saint-Martin a connu son pic de consultations aux urgences pour suspicion de Chikungunya entre janvier et février derniers, l’arrivée de la saison cyclonique dans la région (et donc l’augmentation des précipitations) pourrait se traduire pour une recrudescence de moustiques vecteurs du virus et une flambée des contaminations au cours de l’été. La Guadeloupe et la Martinique sont toutes deux en phase d’épidémie généralisée. Au 29 juin, quelque 33 décès avaient été enregistrés, principalement des personnes âgées fragiles. La Guyane connaît quelques foyers épidémiques localisés.

Sandra Mignot
Photo: Fotolia


1- Fièvre et douleurs articulaires sévères, myalgies, céphalées, nausée, fatigue et éruption (source: OMS).


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