Certaines convictions sont parfois plus fortes qu’une fonction. La démission d’Aurélien Rousseau à la tête du ministère de la Santé, en raison de son désaccord avec la loi immigration, en est la preuve.
Sa décision ne s’est pas fait attendre. Aurélien Rousseau, ancien élu communiste, avait mis le projet de loi sur l’immigration dans la balance, en annonçant au Monde mardi en début de soirée : « Aucun doute sur ma décision. Si le texte est voté, je pars. Cela touche aux murs porteurs. Je ne donne de leçons de gauche ou de morale à personne. Je constate cliniquement que ce n’est pas possible pour moi d’expliquer ce texte. »
Conséquence : mercredi matin, en Conseil des ministres, sa chaise est restée vide. Si la Première ministre a assuré le matin même sur France Inter qu’Emmanuel Macron n’avait pas reçu la démission d’Aurélien Rousseau, nommé à ce poste le 20 juillet, celle-ci a pourtant été confirmée à l’issue du Conseil des ministres en fin de matinée, par Olivier Véran, le porte-parole du Gouvernement. Il a annoncé dans le même temps que l'intérim serait assuré par Agnès Firmin Le Bodo, jusqu’alors ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des professions de santé.
En quête d’un ministère stableAprès François Braun et Aurélien Rousseau, elle devient donc la troisième ministre de la Santé de l’année, la sixième depuis la première élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République. Si le monde de la santé salue en grande majorité le « courage » d’Aurélien Rousseau d’associer ses actes à sa parole, pour autant, ce jeu des chaises musicales au sein de ce ministère sème également l’inquiétude. « Quel avenir pour la santé en 2024 ? demande le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) dans son communiqué. Ce joyeux bazar à quelques jours de la fin de l’année n’annonce rien de bon pour la nouvelle année qui se profile. Quelles conclusions devons-nous tirer sur l’importance attribuée par le gouvernement aux sujets liés à la santé ? » Le Sniil et de nombreux acteurs de la santé réclament un ministère « stable » afin de mettre en place les mesures nécessaires pour le système de santé. Le Sniil espère qu’il pourra s’appuyer sur « le nouveau ministre pour enfin finaliser la réingénierie de la profession, un projet ambitieux plaçant l’infirmier libéral en tant qu’acteur clé du système de santé et lui confiant davantage d’autonomie ».