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L’Anfiide a demandé au président de la République de créer un poste de directrice des soins infirmiers, rattaché au gouvernement. Appuyée par le Conseil international des infirmières, cette requête correspond aux recommandations de l’OMS. Le contexte semble favorable pour la formuler.
Nommer une infirmière en chef au niveau gouvernemental : c’est la proposition formulée par l’Association nationale française des infirmières et infirmiers diplômés et des étudiants (Anfiide), dans une lettre adressée au président de la République le 31 mai. « Plusieurs pays, comme l’Irlande, la Grande-Bretagne, Israël ou encore des pays scandinaves, disposent déjà d’un Government chief nursing officer, ou GCNO, selon l’appellation internationale, remarque François Barrière, membre du Conseil d’administration de l’Anfiide très impliqué dans cette demande. Il nous semble primordial qu’en France aussi, la profession ait une représentante qui puisse participer aux décisions concernant les stratégies de santé. »
Un regard infirmier sur les stratégies de santéLe courrier signé par Brigitte Lecointre, la présidente de l’Anfiide, précise que cette infirmière en chef devrait être « habilitée à jouer un rôle crucial dans la planification, le développement, la mise en œuvre, l’évaluation des politiques de santé et du système de santé ». « Il s’agirait vraiment d’apporter un regard infirmier sur les stratégies, et non pas de se substituer à la Direction générale de l’offre de soins ou au président de l’Ordre infirmier, qui remplissent très bien leur rôle », complète François Barrière. Rattachée au ministre de la Santé, ou au Premier ministre, cette infirmière en chef serait la porte-parole de la profession, encore trop absente au niveau décisionnel. À titre d’exemple, des défis spécifiques qui pourraient être abordés, la question de la démographie infirmière est à la fois urgente et sous-estimée par le pouvoir politique.
Concrètement, la personne nommée serait amenée à articuler une bonne connaissance du métier et des terrains d’exercices avec une maîtrise des rouages du système de santé français. « La pandémie a rappelé que sans les infirmières, le continuum des soins n’est pas assuré. Elles sont essentielles pour les gestes de soins mais aussi dans la gestion de crise, dans la logistique, dans la coordination… », insiste François Barrière. Pourtant, tout ce travail est encore peu reconnu par les instances décisionnelles, qui méconnaissent le rôle des IDE. Si le leadership infirmier n’a pas attendu la Covid-19 pour s’exprimer, il peut aujourd’hui plus facilement revendiquer d’être inclus dans l’élaboration stratégique des soins. « C’est le bon moment pour formuler cette demande », espère François Barrière.
Une recommandation internationalePour appuyer cette requête, la présidente du Conseil international des infirmières (CII), Annette Kennedy, a joint un courrier à l’envoi de l’Anfiide. « Les GCNO ont un rôle vital à jouer et leur expertise peut contribuer de manière substantielle à l’élaboration des politiques de santé, à la mise en place des systèmes de santé et à l’utilisation optimale du personnel infirmier, afin de planifier et de coordonner la profession infirmière pour répondre au mieux aux besoins de la population qu’elle sert », précise-t-elle dans sa lettre. Le CII a appelé les gouvernements à créer ces postes dès janvier 2020. En mai 2021, l’OMS mentionne « l’importance vitale de nommer des directrices des soins infirmiers à l’échelon gouvernemental dans chacun des États membres », dans ses nouvelles Orientations stratégiques mondiales pour les soins infirmiers et obstétricaux 2021-2025. Reste à attendre la réponse de l’Élysée…
Lisette Gries