Bienvenue dans le service !

Qui ne se souvient pas de sa première journée de travail dans un nouvel établissement ou un nouveau service ? Dans un contexte où les organisations de travail sont de plus en plus tendues, notamment du fait de la pénurie d’infirmières, les cadres de santé ont été amenés à déplacer de plus en plus fréquemment du personnel d’un service à l’autre. Ces remplacements, anticipés ou effectués en urgence, sont parfois mal vécus par les soignants. « Quand on est infirmière, on est ancré dans son service. En sortir peut être vu comme une sanction. Il faut leur faire comprendre que ce n’est pas le cas », explique Myriam Faivre, cadre de santé à l’hôpital Necker-enfants malades (AP-HP), elle-même de formation initiale infirmière.

Lors des premières rencontres paramédicales organisées par l’établissement parisien le mercredi 11 avril, cette dernière a présenté les outils, inspirés des pratiques du secteur industriel, mis en place depuis 2010 dans le pôle pédiatrie générale et multidisciplinaire pour améliorer l’accueil et faciliter l’intégration des professionnels déplacés, « essentiellement des infirmières », qu’ils soient jeunes diplômés ou simplement nouveaux dans le service. « Même quelqu’un qui a déjà fait de la route peut être un peu perdu », constate Myriam Faivre.

Fidéliser les jeunes professionnels

Objectifs de ces outils : assurer le maintien de la qualité et de la sécurité des soins, sécuriser le personnel déplacé face à la peur de l’inconnu ou la crainte de mal faire, et lui permettre de développer ses compétences. Face à un turn-over important, l’enjeu est également de parvenir à retenir les jeunes professionnels. « Nous avons 919 infirmières à Necker ; en 2011, nous en avons recruté 155. Au-delà de l’attractivité de l’établissement, il faut favoriser la fidélisation. Améliorer l’accueil y contribuera », affirme Fabienne Marion, directrice des soins.

Utilisé dans le cadre de l’intégration des nouveaux diplômés, le référentiel d’activités de soin permet de suivre l’acquisition des compétences et ainsi de fixer des objectifs au cours de la période d’intégration, d’une durée d’un mois pour les jeunes diplômés. Des temps d’évaluation sont programmés avec le cadre et le référent au cours du premier mois, puis à intervalle régulière ensuite (fin du 1er mois, 3e mois, 6e mois). Elaborée à partir d’entretiens réalisés auprès des professionnels qui ont fait l’expérience du déplacement, la charte du personnel déplacé fixe les règles d'un bon accueil : une visite guidée dans le service, la désignation d’une personne « ressource » et le respect du roulement du nouvel arrivant. « C’est le service qui doit s’adapter, insiste Myriam Faivre. On demande aussi à ce que les patients qui reçoivent des soins spécifiques ne lui soient pas confiés. »

À travers les questionnaires de satisfaction distribués à l’issue du mois d’intégration, les infirmières concernées - 30 entre 2010 et 2011, pour des remplacements de 1 jour à un mois - ont apprécié la solidarité témoignée par les soignants du service d’accueil, le sentiment d’autonomie et d’enrichissement professionnel. Points négatifs : le manque d’organisation ressenti, un certain isolement et une charge de travail jugée trop importante. « L’idéal serait que les agents puissent rester plus longtemps dans un secteur, pour faciliter les échanges de personnels entre services, vers lesquels on tend », développe la cadre de santé. Dans cette optique, c’est sur l’établissement de procédures de soins communes qu’il faudra travailler à l’avenir.

Aveline Marques