Bologne : un retard très français | Espace Infirmier
 
Bologne : un retard très français

03/03/2011

Bologne : un retard très français

Les expériences de cadres formateurs européens mettent en exergue la lenteur de la France à s’approprier la réforme LMD des études paramédicales et à affirmer l’autonomie des sciences infirmières.

Plus de dix ans après la conférence de Bologne (1), la France manque de réel pilotage de la réforme des études paramédicales, ont constaté les formateurs réunis mercredi 2 mars à l’Institut de formation interhospitalier Théodore-Simon, à Neuilly-sur-Marne, à l’initiative du Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec) et de la Fédération européenne des enseignants en soins infirmiers (Fine).

« Rien n’est réglé pour nous, même si nous avons le grade de licence pour les infirmières et le grade de master pour les Iade », rappelle Joëlle Kozlowski, présidente du Cefiec.

‘Paramédical’, un terme inapproprié pour les IDE
« Au sujet de la réforme universitaire, il faut rappeler que les infirmières ont aussi des connaissances académiques. Nous devons nous positionner en égalité et non en dominées », estime Anne-Marie Garnier, directrice de l’Institut Théodore Simon.

« Comment peut-on encore parler d’études “paramédicales” en France ?, s’interroge Arminda Costa, présidente portugaise de la Fine. Sommes-nous, ou non, une profession indépendante ? Le terme de “paramédical” est approprié aux kinésithérapeutes, qui travaillent sous l’ordre des médecins, pas dans le cas des infirmières, qui n’ont qu’un tout petit terrain d’interdépendance avec eux. »

« Masse critique »
En Belgique francophone, notent des formateurs de la Haute école de Namur, des partenariats spontanés ont été conclus avec des universités pour certaines unités d’enseignement.

À Lausanne, un master visant à former des infirmières cliniciennes spécialisées a été créé pour toutes les universités de la Suisse occidentale et accueille 42 étudiants. « Il est important d’avoir une masse critique, plutôt que d’ouvrir davantage de masters avec deux ou trois étudiants », estime Diane Morin, directrice de l’Institut universitaire de formation et de recherche en soins de Lausanne.

Recherche infirmière autonome
Luis Cibanal, de l’université d’Alicante, rappelle qu’en Espagne, les études infirmières ont été intégrées à l’université à partir de la chute du franquisme. « Mais à l’époque, l’enseignement théorique était basé sur le modèle médical, et la plupart des enseignants étaient des médecins, a-t-il rappelé. C’est en 2000 que le ras-le-bol d’être considéré comme des soignants de seconde classe s’est exprimé, et qu’est née la revendication d’une recherche infirmière autonome. »

Les masters en soins infirmiers espagnols ont ouvert en 2008, autour de quatre piliers : les soins avancés, la gestion des soins, l’apprentissage de la recherche, et enfin les sciences et l’éducation en soins infirmiers.

Au Portugal, l’intégration dans l’enseignement supérieur date de 1988, le master en soins infirmiers de 1992, la licence pour les infirmiers en soins généraux de 1999, le doctorat en sciences infirmières de 2001 et l’adéquation au processus de Bologne de 2007, indique de son côté Maria do Céu Barbieri Figuereido, directrice du doctorat en sciences infirmières de l’université de Porto.

Texte et photo : A.L.G.

1 – En juin 1999, quelque 29 pays signèrent une déclaration commune initiant le processus de Bologne qui vise à harmoniser les cursus universitaires au niveau européen.

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