En France, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) toucherait 3,5 millions de personnes, mais beaucoup de malades s'ignorent faute d'un dépistage précoce approprié. C'est ce que relève une étude de l'Association française des infirmiers tabacologues.
Le 5e congrès national de la Société française de tabacologie (SFT), qui s'est déroulé à Nancy les 17 et 18 novembre derniers, a été l'occasion pour l'Association française des infirmiers tabacologues (Afit) de présenter une étude qu'elle vient de réaliser sur la BPCO. A son initiative, 1856 patients ont ainsi soufflé dans un spiromètre dans l'un des seize sites de consultation de tabacologie participants. Résultat : 23% d'entre eux ont été diagnostiqués comme porteurs de la BPCO, ou comme susceptibles de la porter (à confirmer avec un examen complémentaire). Des chiffres qui viennent corroborer différentes enquêtes nationales et internationales démontrant l'insuffisance de la détection précoce de cette pathologie respiratoire. Dans l'Hexagone, deux BPCO sur trois ne seraient pas diagnostiquées !
Banalisation des symptômes
Pour Gilles Heno, infirmier tabacologue au centre hospitalier de Vannes et président de l'Afit, ce déficit du dépistage serait dû à la banalisation des symptômes liés à cette pathologie : « A 40 ans, un fumeur qui s'essouffle en montant les escaliers, on se dit que c'est normal, et on ne cherche pas toujours à aller plus loin. » Pourtant, cette maladie incurable tue chaque année 17 000 Français, et trois millions de personnes à l'échelle planétaire. Et l'Organisation mondiale de la santé estime que le nombre de décès par BPCO devrait augmenter de 30% dans les dix années à venir.
« Dans 80% à 90% des cas, cette pathologie est liée au tabac. Le seul traitement pour retarder la progression de l'obstruction bronchique est l'arrêt du tabac », a rappelé le président de l'Afit. Or, qui dit détection précoce, dit meilleure prise en charge associée à une aide au sevrage. C'est pourquoi l'association des infirmiers tabacologues milite pour que soit davantage systématisée l'exploration fonctionnelle respiratoire, un examen qui n'est « ni long ni difficile à effectuer », comme l'a souligné Christiane Valles, infirmière tabacologue au centre hospitalier de Cahors, et trésorière de l'Afit. « Quand cet examen est bien intégré à la consultation, la mesure du souffle nécessite cinq minutes maximum, entre les explications préalables, le test proprement dit et l'interprétation des résultats. » Autre avantage de cet examen : son coût. « Un mini-spiromètre type Neo-6 revient à 60 euros, l'embout à 60 centimes pièce, alors que le coût d'un traitement pour la BPCO est de l'ordre de 4000 euros annuels voire 6000 euros pour les formes graves », a rappelé Gilles Heno.
Pas d'avancée sur la prescription
Au-delà de cette étude sur la BPCO, l'Afit, qui réunit 110 adhérents, a par ailleurs profité de ce colloque pour faire part de sa déception concernant l'impossibilité qui est toujours faite aux infirmières de consultation de prescrire des substituts nicotiniques. Une ordonnance médicale est en effet toujours nécessaire pour que le patient puisse obtenir le remboursement d'une partie du traitement. « Nous espérions que le Conseil de l'Ordre des infirmiers soit suffisamment puissant et en mesure de fonctionner pour nous aider à faire avancer ce dossier... », a regretté le président de l'Afit.
texte: Aurélie Vion
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