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Dans le cadre du projet OSyS, une cinquantaine de pharmacies d’officine bretonnes participent à une expérimentation « article 51 » sur un parcours de soins innovant. Objectif ? Favoriser l’accès aux soins des patients dans les zones en désertification médicale.
L’expérimentation OSyS (Orientation dans le système de soins) consiste à confier aux pharmaciens d’officine une mission d’orientation des patients afin d’améliorer leur prise en charge dans les zones où l’accès aux soins primaires est difficile. C’est l’association Pharma système qualité (PHSQ) qui a répondu à un appel à projet de l’Agence régionale de santé (ARS) Bretagne pour apporter une réponse à la désertification médicale qui sévit sur le territoire.
Soutenu par les Unions régionales des professionnels de santé (URPS) médecins et pharmaciens libéraux de Bretagne, ainsi que par l’Ordre régional des pharmaciens, ce projet transversal a obtenu l’avis favorable du Comité technique de l’innovation en santé (CTIS) en février 2021 pour une expérimentation de deux ans. Les officines volontaires sont réparties dans neuf zones où la population est confrontée à une sous-densité médicale entraînant un accès difficile aux soins médicaux, un recours inadapté aux urgences déjà saturées et parfois une automédication inappropriée voire risquée.
Pour une fluidification du parcours patient« Dans notre expérimentation, le pharmacien d’officine est placé en tête de pont de l’orientation des patients dans leur parcours », indique Martine Costedoat, pharmacienne de formation, directrice générale de l’association PHSQ. Et d’expliquer : « Les pharmacies d’officine ont l’avantage d’offrir un maillage territorial complet sur l’ensemble du territoire. Leur amplitude horaire est également avantageuse tout comme leur accessibilité sans rendez-vous. » L’accès aux soins est donc facilité, d’autant plus que les pharmaciens ont une mission d’orientation et de premier recours.
Avec cette expérimentation, l’objectif est d’encourager les patients à se rendre au sein des officines en première intention pour une orientation optimale et une fluidification de la prise de rendez-vous chez le médecin, pour ce qui concerne treize symptômes (diarrhées, constipation, vulvo-vaginite, rhinite, cystite, angine, pharyngite, brûlure ou encore petites plaies). Le pharmacien va ainsi orienter le patient vers l’espace de confidentialité de l’officine afin d’effectuer un premier triage en s’appuyant sur un arbre décisionnel. Cet outil va le guider sur le parcours patient à proposer en fonction de la situation : un conseil pharmaceutique, une orientation vers un médecin pour une consultation physique ou une téléconsultation, une orientation vers les urgences. Avant le lancement de l’expérimentation, les pharmaciens devront suivre une formation sur les points d’alerte afin d’organiser et sécuriser cette orientation.
Lancement sur la côte et les îles bretonnesLe pharmacien, qui va assurer la traçabilité de l’échange et envoyer, avec l’accord du patient, un compte rendu au médecin traitant, va être indemnisé pour le temps passé, soit 15 euros pour environ 15 minutes. « Notre expérimentation est importante car aujourd’hui les capacités de réponse rapide aux petits risques ne sont pas totalement assurées dans tous les territoires », indique Martine Costedoat. L’expérimentation devrait se déployer courant juin, d’abord dans les zones côtières et sur les îles bretonnes, à la demande de l’ARS, en raison d’un problème d’accès aux soins accru.
Laure Martin