Les critères d’inclusion dans l’expérimentation du cannabis à usage médical, qui a débuté il y a un an, évoluent. Les patients atteints d’un cancer du sein ou de la prostate en cours de traitement par hormonothérapie, après accord de l’oncologue et en seconde intention, peuvent rejoindre l’expérimentation dans le cadre de l’indication « certains symptômes rebelles en oncologie, liés au cancer ou au traitement anticancéreux » (douleur, fatigue, nausées, vomissements, troubles du sommeil, inquiétude, perte d'appétit, tristesse).
« Le traitement par cannabis médical ne pouvait jusqu’à présent être mis en place au cours de chimiothérapies anticancéreuses en raison des interactions médicamenteuses potentielles qui pouvaient diminuer les concentrations de certains médicaments anticancéreux et induire ainsi une moindre efficacité, et donc une perte de chance pour le patient », explique l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) dans un communiqué du 15 avril.
L’Agence a donc changé d’avis après le rapport du Groupe de pharmacologie clinique oncologique (GPCO) qui a évalué les interactions médicamenteuses entre le cannabis à usage médical (CBD seul, THC seul et association CBD/THC) avec certains traitements utilisés dans le cancer. Malgré des « données parcellaires » et « parfois contradictoires », le GPCO préconise d’utiliser de préférence le THC « qui est peu impliqué dans les interactions impliquant le métabolisme ». L’association du CBD reste possible, mais avec dosage de l’anticancéreux, avec le tamoxifène, le létrozole, l’abiratérone, le darolutamide et la cyprotérone, et possible sans dosage nécessaire avec l’enzalutamide, l’apalutamide, les analogues Gn-RH et le dégarelix. L’association du CBD avec l’anastrozole et l’exemestane reste à la discrétion de l’oncologue en fonction de l’objectif thérapeutique.
En revanche, les patients sous immunothérapie (inhibiteurs de checkpoint) restent exclus de l’expérimentation du fait d’interactions pharmacodynamiques suspectées pouvant diminuer l’effet de l’anticancéreux.
« Le cannabis médical n’a pas pour but de soigner le cancer, mais d’en soulager les symptômes associés, ainsi que les effets secondaires des chimiothérapies », rappelle l’ANSM.