Seules 51 % des personnes éligibles à l’aide médicale d’État (AME) bénéficient effectivement de ce dispositif, 60 % des femmes et 47 % des hommes, selon les données de l’enquête « Premiers pas »(1), menée par l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes). « Le taux de non-recours à l’AME, de 49 %, est donc supérieur à celui estimé pour la CMU-C et comparable à celui estimé pour l’ACS (environ 50 %) », précisent les auteurs.
Parmi les raisons du non-recours à l’AME figurent le manque d’information et la complexité du dispositif : 33 % des 49 % n’en disposant pas déclarent ne jamais avoir entendu parler de l’AME. Les conditions d’entrée « sont assez fortement corrélées avec la couverture par l’AME. Ainsi, les personnes entrées initialement avec un visa sont 62 % à être couvertes, contre 43 % des personnes entrées illégalement. » Même chose concernant la durée du séjour, le taux de personnes couvertes passe de 24 % parmi les personnes vivant en France depuis plus de trois mois mais moins d’un an, à 65 % parmi celles résidant en France depuis plus de cinq ans. Autre enseignement : les personnes les plus précaires, vivant dans la rue, ne sont que 30 % à disposer de l’AME.
Enfin, on note une faible corrélation du recours à l’AME avec les problèmes de santé, les personnes en mauvais état de santé restant en grande partie non couvertes. « Seuls les troubles musculo-squelettiques, expliqués ou aggravés par les conditions de vie et de travail des migrants en France, et pouvant remettre en cause leur capacité à travailler ou à être en sécurité, augmentent le recours à l’AME. »
1- « Le recours à l’aide médicale de l’État des personnes en situation irrégulière en France : premiers enseignements de l’enquête Premiers pas », Questions d’économie de la santé, n° 245, nov. 2019.
Hélène Trappo
A lire dans « L'Infirmière magazine », n° 410-411Réservé aux abonnés |