Bruit : l’audition, grande cause nationale ? | Espace Infirmier
 
Titre de l'image

09/03/2022

Bruit : l’audition, grande cause nationale ?

Les impacts du bruit sur la santé et la qualité de vie sont en hausse depuis 2020. L’association JNA, qui organise la 25e Journée nationale de l’audition jeudi 10 mars, préconise un Plan national de réduction du bruit et la reconnaissance de l’audition comme grande cause nationale. Sera-t-elle entendue à quelques semaines des élections présidentielles ?

Depuis sa création il y a 25 ans, l’association JNA fait connaître les impacts du bruit et des expositions sonores sur la santé et la qualité de vie sociale des Français. Ainsi, 200 000 appareils auditifs étaient utilisés en 1998 contre 1,5 million en 2021, classant la France premier pays d’Europe en la matière. La dernière enquête Ifop-JNA, présentée le 3 mars, montre la nécessité de prévenir et dépister encore et toujours plus. « Améliorer l’audition, c’est faciliter le bien-vieillir et prévenir les démences, souligne le Pr Jean-Luc Puel, président de l’association. Il faut penser la santé comme une globalité, et l’audition est un bien-être qui en fait partie. Dans nos sociétés industrielles où le bruit a considérablement augmenté, il a deux impacts majeurs. Premièrement, la surdité et les acouphènes. À plus de 80 dB (A), une fatigue auditive s’installe. Ce ne sont pas de simples cellules sensorielles qui se fatiguent, on perd aussi des fibres du nerf auditif. Deuxièmement, la gêne auditive génère du stress qui abîme l’organisme et peut générer irritabilité, troubles du sommeil, hypertension… »

Pollution sonore à tous les âges

L’enquête réalisée du 21 au 26 janvier auprès d’un panel de 1 004 individus âgés de 15 ans et plus indique que 65 % des personnes sont gênées par le bruit et les nuisances sonores. Ces chiffres augmentent selon différentes catégories : 69 % pour les 50-64 ans, 70 % pour les femmes, 73 % pour les cadres, 75 % pour les télétravailleurs et 79 % pour les personnes qui habitent dans l’agglomération parisienne.

Par ailleurs, 21 % ont le sentiment que leur sensibilité au bruit a augmenté avec la crise sanitaire. Et là aussi les chiffres varient. Ils atteignent 25 % pour les catégories populaires, 27 % pour les télétravailleurs et 31 % pour les télétravailleurs fréquents. Pour 34 %, la gêne est vécue durant la journée et le chiffre atteint 40 % pour les télétravailleurs fréquents.

La nuit aussi

Mais la gêne existe aussi la nuit pour 17 % des personnes. Ce chiffre atteint 23 % chez les 18-24 ans et 26 % chez les cadres. Entre 2016 et 2022, on constate une bascule de la gêne du bruit entre la journée (+ 7 points) et la nuit (- 15 points). Par ailleurs, les agressions au bruit surviennent pour 83 % sur le lieu de travail, 79 % à l’école ou dans un établissement scolaire ou universitaire, 69 % à domicile et pour 83 % en dehors des lieux énoncés précédemment.

Un fort impact sur la santé pour les moins de 35 ans

Les impacts du bruit sur la santé et la qualité de vie sont en hausse depuis 2020 avec un fort impact pour les personnes âgées de moins de 35 ans. On constate un écart de 10 points pour les troubles du sommeil (46 % en moyenne et 49 % pour les moins de 35 ans), 6 points sur la fatigue et irritabilité (54 % en moyenne et 62 % pour les moins de 35 ans), 6 points sur l’agressivité et la nervosité (49 % en moyenne et 53 % pour les moins de 35 ans), 7 points sur le stress (51 % en moyenne et 54 % pour les moins de 35 ans) et les maux de tête (46 % en moyenne et 61 % pour les moins de 35 ans), 5 points pour la perte de la concentration (56 % en moyenne et 62 % pour les moins de 35 ans).

Travailler à une culture de l’audition

Face à ces chiffres en hausse, l’enquête pointe qu’un Français sur cinq seulement évoque sa gêne du bruit à son médecin traitant, et qu’un Français sur cinq a réalisé un bilan médical chez l’ORL il y a moins de cinq ans : 27 % des + de 35 ans, 26 % des 50-64 ans et 29 % des 65 ans et plus. Pour 76 % des Français, il faudrait faire de l’audition une grande cause nationale, et 81 % estiment que le sujet du bruit et des nuisances sonores n’est pas suffisamment abordé dans la campagne pour les élections présidentielles. « Au-delà de la prévention et du dépistage, nous devons travailler à une culture de l’audition qui n’existe pas en France, estime Jean-Charles Ceccato, vice-président de l’Association JNA et maître de conférences à l’université de Montpellier, UFR Pharmacie. Il faut dire aux jeunes que même si le test réalisé est positif, la facture peut arriver dix, vingt, trente ans plus tard. Il faut leur apprendre à préserver leur capital auditif comme on préserve son capital soleil en protégeant sa peau. » Pour aller plus loin, l’association JNA souhaite un coup de pouce des pouvoirs publics. « Nous avons besoin d’une politique de santé auditive, d’un cadre institué qui aura un rôle de levier sur le terrain afin de déployer nos actions au plus près des personnes, notamment des plus démunis souvent éloignés des structures de santé », ajoute Sébastien Leroy, son porte-parole. La région Auvergne-Rhône-Alpes a quant à elle déclaré l’audition et la surdité grande cause régionale cette année en favorisant la sensibilisation, la prévention, l’appareillage et la langue des signes. À quand l’audition reconnue comme cause nationale ?

Isabel Soubelet

À LIRE ÉGALEMENT

Isabel Soubelet, « Les jeunes éprouvés par le bruit au travail », Espaceinfirmier.fr, le 15/10/2021.

À découvrir

Toutes nos formations pour les professionnels de santé.

- Gestes & soins d'urgence
- Douleurs
- Management
- Droit & éthique
- SST
- Santé mentale & handicap


Télécharger le catalogue
Feuilleter le catalogue