Vendredi 4 mai, une centaine de syndicalistes CGT ont envahi le siège de l’AP-HP pour protester contre 3 340 suppressions de postes annoncées d’ici 2016 dans un document sur l’évolution pluriannuelle des effectifs. La direction oppose un démenti formel.
Le dialogue est-il rompu entre l’AP-HP et l’Usap-CGT ? Sans doute pas définitivement, mais la brouille est sérieuse. Vendredi 4 mai, une centaine de représentants de l’Union syndicale CGT de l’AP-HP ont investi le siège de l’avenue Victoria pour manifester contre les 3 340 suppressions d’emplois, dont 1 040 postes d’infirmiers, d’ici 2016 annoncées par la direction de l’établissement et réclamer l’instauration d’un vrai dialogue social.
Secrétaire de l’Usap-CGT, Olivier Cammas, que nous n’avons pas pu joindre, a dénoncé à l’AFP une « volonté scandaleuse de restructuration » et protesté également « contre le manque de dialogue social qui dure depuis deux ans et l’annulation d’une réunion annuelle rassemblant des directeurs et des élus » qui devait se tenir ce jour-là.
Dans la journée, le syndicat a d’ailleurs adressé une lettre ouverte à Mireille Faugère, directrice générale de l'AP-HP. « Vous imposez, écrit-il, avec une garde rapprochée, une politique dévastatrice pour notre hôpital public et qui nuit à la vie quotidienne de l’ensemble des personnels. » Plus loin, il assène : « Votre politique autoritaire, contraire au développement d’une gestion saine et démocratique de notre service public, n’engendre que souffrance au travail dans l’ensemble de la communauté hospitalière, du directeur aux agents en passant par les personnels médicaux. »
« Des postes à pourvoir » selon l’AP-HP
De son côté, Christian Paimbœuf, directeur des ressources humaines de l’institution, qui emploie 90 000 personnes, dément formellement l’interprétation de l’Usap-CGT. « A la demande des syndicats, nous avons produit un document sur "l’évolution pluriannuelle des effectifs et perspectives" portant sur les années 2009, 2010 et 2011. Ce document est un outil de gestion prévisionnelle d’emplois et des compétences. D’emblée, l’Usap-CGT a interprété ces chiffres comme des suppressions d’emploi, alors qu’il s’agit en réalité d’emplois vacants et donc de postes à pourvoir et non à supprimer », nous a-t-il indiqué. Et d’ajouter : « Mon objectif est le plein emploi infirmier. Je l’espère dès 2012 et m’y suis d’ailleurs engagé devant les syndicats et les représentants de la CME. Il y a quelques semaines, nous avons d’ailleurs mis sur pied un plan d’attractivité et de fidélisation pour le personnel infirmier. Ce plan a été présenté à toutes les instances et a reçu l’encouragement de la commission des soins infirmiers qui nous a fait part de propositions complémentaires que nous avons intégrées. La question qui nous est en effet posée aujourd’hui est : quelles mesures dynamiques pouvons-nous prendre pour recruter du personnel et singulièrement des infirmières ? C’était l’un des sujets de la réunion de travail du 4 mai, que j’ai effectivement annulée estimant que l’Usap-CGT n’avait pas été loyale en organisant sa manifestation sans nous prévenir. Or, si on veut travailler dans le cadre d’un dialogue constructif, il faut qu’on se dise les choses. »
Pour l’heure, chacun campe sur les positions. Une nouvelle réunion de travail est néanmoins programmée ce vendredi 11 mai entre l’AP-HP et les élus syndicaux. L’occasion sans doute de mettre un terme à ce dialogue… de sourds.
Françoise Vlaemÿnck