La délicate question d'une meilleure coordination entre les différents acteurs impliqués auprès du malade a été abordée lors des Rencontres annuelles de l'InCa.
Pour le patient atteint de cancer, le parcours de soins peut s’apparenter à un parcours du combattant. L’enjeu est de tendre vers un meilleur «PPS»: un parcours personnalisé de soins. Le docteur Philippe Bergerot, radiothérapeute, vice-président de la Ligue nationale contre le cancer, revient (1) sur la demande du patient: « Il souhaite une feuille de route de l’année qui vient, une mise en place de tous les professionnels médicaux qui vont s’occuper de lui , et un médecin référent. »
Le docteur Bernard Couderc, radiothérapeute, président de l’Union nationale hospitalière privée de cancérologie, va dans le même sens : «Les patients en ont assez des allers-retours incessants entre la ville et l’hôpital, du délai d’attente. Ils sont inquiets du retour au domicile. Assurer une permanence des soins est donc une mission de santé publique.»
«Maillons d'une grande chaîne»
Pour Annie Podeur, directrice de l’hospitalisation et de l’organisation des soins au ministère de la Santé, le Plan cancer 2009-2013 (qui doit être annoncé officiellement lundi 2 novembre par Nicolas Sarkozy) doit se déployer selon quatre axes :
• Coordonner le parcours entre hôpital et domicile. Un prochain groupe de travail réunira des infirmiers, la médecine de ville et des représentants des patients.
• Renforcer le rôle du médecin traitant dans le but d’éviter un nouveau passage à l’hôpital. Sur ce point, le docteur Gilles Errieau, médecin généraliste membre du comité consultatif des professionnels de santé de l’Institut national du cancer, insiste sur la plus-value qu’il peut apporter grâce à sa proximité: « Chacun d’entre nous doit se sentir comme un maillon d’une grande chaîne. »
• Tendre vers un meilleur partage des donnés médicales entre les professions. Le courrier médical doit être systématiquement adressé au médecin traitant.
• Relancer le dossier médical personnalisé. Ce dossier communiquant en cancérologie comprend les comptes rendus des réunions de concertation pluridisciplinaires et un annuaire partagé.
Infirmière «tour de contrôle»
Pour améliorer le parcours personnalisé, tous insistent sur le rôle de l’infirmière. «C’est une tour de contrôle, une pierre angulaire qui vérifie que tout va bien», précise le docteur Daniel Serin, oncologue radiothérapeute, membre du comité consultatif des professionnels de santé de l’InCa. Le professeur Maurice Schneider, oncologue, secrétaire général de la Ligue nationale contre le cancer, revient lui aussi sur les tâches de l’infirmière coordinatrice, qui doit prendre en charge les éventuels problèmes sociaux, psychologiques, ou encore de douleur. «L’infirmière en cancérologie doit recevoir une formation spécialisée, comme cela se fait au Québec avec l’infirmière pivot.»
De telles formations existent déjà à Besançon, à Marseille et bientôt à Toulouse. Pour Doïna Laroque, ancienne patiente, du comité des malades, des proches et des usagers de l’InCa, deux outils doivent être imaginés: un guide pratique, un seul document qui réunirait toute l’information dont le patient a besoin, et un annuaire de tous les professionnels médicaux par région.
Sarah Elkaïm
1- Les personnes citées s'exprimaient au cours d'une table ronde. Les Rencontres annuelles de l'Institut national du cancer (InCa) ont eu lieu le 7 octobre, à Paris.
En vidéo: des interviews des intervenants