Si le tabac et le soleil sont bien identifiés comme cancerogènes, les risques liés à l’alimentation, le stress ou les antennes relais sont mal évalués par les Français, révèle le baromètre Cancer de l’INCa. La prise en charge est jugée satisfaisante par 95 % d’entre eux.
« Globalement, les Français se déclarent bien informés sur les facteurs de risque, mais il y a un travail à faire sur la hiérarchisation de ces facteurs », résume Agnès Buzyn, présidente de l’Institut national du cancer (INCa). Ainsi, environ 98 % des personnes interrogées dans le cadre du Baromètre cancer 2010*, rendu public jeudi 14 juin, reconnaissent que le tabac ou l’exposition au soleil sans protection peut favoriser l’apparition d’un cancer. « Mais, des risques irrationnels tels que le stress de la vie moderne - une opinion qui a progressé de 7 points depuis la précédente édition du baromètre, en 2005 - ou non prouvés, comme vivre à côté d’une antenne relais (+ 20 points en 5 ans), sont également trop fréquemment cités », estime Agnès Buzyn. Par ailleurs, les risques liés à l’alimentation semblent insuffisamment connus, notamment en ce qui concerne la consommation excessive de sel, viande rouge, charcuterie… Et l’alcool apparaît davantage comme générant des accidents de la circulation ou des manifestations de violence que comme un facteur de risque du cancer.
Les professionnels de santé, 6e source d’information
Par ailleurs, même si 70 % des Français se déclarent bien informés sur les risques et les moyens de prévention du cancer, ils présentent des niveaux d’information plus faibles en ce qui concerne les cabines de bronzage ou l’usage des pesticides : respectivement, seuls 40 et 33,7 % se disent bien ou très bien informés. Surtout, parmi leurs sources d’information, ils placent les professionnels de santé en 6e position, loin derrière la télévision, l’entourage, les magazines de santé et internet. « Pour autant, ils font montre d’un optimisme thérapeutique certain, souligne Jérôme Viguier, responsable du département dépistage à l’INCa, puisque 9 personnes interrogées sur 10 affirment qu’on peut désormais soigner de nombreux cancers. »
« En ce qui concerne la prise en charge, le niveau de satisfaction des personnes interrogées reste élevé », note Agnès Buzyn. Mais, il reste des marges d’amélioration, liées notamment à l’élévation du niveau d’exigence du patient. Ainsi, parmi les malades ou anciens malades eux-mêmes, 9 personnes sur 10 pensent que la douleur est aujourd’hui mieux prise en charge et 8 sur 10 estiment qu’il est facile de savoir où leur maladie pourra être « bien soignée ». Néanmoins, 2 personnes sur 3 pensent qu’on devrait demander au malade son avis sur le/les traitement proposés. Et 1 sur 2 pense que « le médecin ne dit pas tout au malade ». 95 % considèrent avoir bénéficié d’une bonne prise en charge de leur maladie, un chiffre stable par rapport au précédent baromètre. Même proportion de satisfaits en ce concerne les relations avec l’équipe soignante. C’est 8 points de plus qu'en 2005 ; 78 % ont même trouvé ce relationnel très satisfaisant. Néanmoins, un quart des patients estiment encore que l’information qui leur est délivrée est insuffisante et 54 % jugent que les médecins se concentrent sur la maladie mais oublient le malade.
Sandra Mignot
*Enquête réalisée en collaboration avec l'Inpes, par téléphone, auprès d’un échantillon représentatif de 4 000 personnes âgées de 15 à 85 ans.