Célébration des 100 ans de l’Anfiide : la profession doit faire communauté | Espace Infirmier
 
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27/06/2024

Célébration des 100 ans de l’Anfiide : la profession doit faire communauté

L’Association nationale française des infirmières et infirmiers diplômés et étudiants (Anfiide) a célébré ses 100 ans, le 22 juin, à Marseille. Pensée comme un voyage dans le temps, cette journée a été l’occasion de rappeler les grandes avancées de la profession et de s’interroger sur ses attentes.

La présidente de l’Anfiide, Brigitte Lecointre, a débuté cette célébration d’une façon pour le moins originale : en imaginant la lettre qu’aurait pu écrire Léonie Chaptal – fondatrice de l’Association nationale des infirmières diplômées de l’État français (ANIDEF), ancêtre de l’Anfiide – à son époque, concernant les défis que la profession aurait à relever au 21e siècle. Elle en a profité pour faire passer des messages forts aux infirmiers : accepter le progrès mais pas leur remplacement par les nouvelles technologies, mener une transition écologique en santé pour répondre aux évolutions de la société du futur et de la santé de demain, collaborer pour bâtir et représenter une communauté de soins ou encore identifier des leaders dans chaque instance représentative de la profession pour faire communauté. « En 2024, nous sommes la seule association française à faire partie du Conseil international des infirmières (CII). Nous devons être rejoints par d’autres pour assurer une représentativité forte de notre pays », a-t-elle défendu.

Autonomie et montée en compétences

Outre des rappels précis et détaillés sur l’évolution de l’association et de la profession ces 100 dernières années, cette journée a permis aux nombreux représentants de la profession réunis pour l’occasion d’évoquer les nombreux enjeux pour les infirmières. Sylvaine Mazière-Tauran, nouvelle présidente du Conseil national de l'Ordre des infirmiers (CNOI), a rappelé que face à des besoins en soins qui pourraient augmenter de près de 55 % d’ici 2040, la profession est toujours dans l’attente de mesures officialisant sa plus grande autonomie dans de nombreux domaines. Certaines avancées sont déjà actées, mais la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République courant juin a mis un coup d’arrêt à leur concrétisation. Accès direct et primo-prescription pour les infirmiers en pratique avancée (IPA), création du statut d’infirmier référent, prévention et traitement des plaies : pour l’ensemble de ces mesures, les décrets d’application se font attendre. De plus, « elles restent en deçà du rôle réel de notre profession au sein du parcours de soins, a-t-elle soutenu. Notre profession est devenue incontournable, nos missions et notre périmètre d’actions doivent être revus. »

Un point de vue partagé par Catherine Duboys Fresney, présidente de l’Anfiide de 1980 à 1984 et de 1996 à 2002, pour qui il est impératif de développer l’étendu des soins. « Nous n’allons pas trouver de solution en larguant des actes des uns aux autres, a-t-elle partagé, dénonçant le transfert d’actes médicaux aux infirmiers, qui plus est pour libérer du temps médical. Les actes techniques sont moins importants que les capacités de synthèse et le jugement nécessaires à l’élaboration des soins. Soigner, c’est aider l’autre à vivre, à affronter la vie, la souffrance et la mort. Il s’agit d’une fonction difficile et exigeante. »

Pour autant, cette évolution des compétences implique de s’interroger sur les profils des futurs soignants et ce, dès la formation. « Il va falloir être vigilant à ce qu’il n’y ait pas un trop grand écart entre le niveau d’admission de certains et les compétences qui augmentent, a pointé Michèle Appelshaeuser, directrice des soins, présidente du Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec). Avec les possibilités de prescription ou encore la mise en place de la consultation infirmière, je m’interroge. »

L’importance de la mission de régulation de l’Ordre

Si cette évolution des compétences a pour objectif une meilleure prise en charge de la population, la présidente de l’ONI a rappelé l’importance de la mission de régulation de la profession par l’Ordre, en tant que garant des pratiques et du respect du Code de déontologie, pour garantir la qualité et la sécurité des soins. « L’inscription à l’Ordre répond à un enjeu de santé publique pour les patients », a-t-elle souligné. Le fait que cette inscription pose encore question en 2024 représente un fait marquant de la profession, certainement lié, au moment de la création de l’Ordre, à un défaut d’analyse sociologique de la profession. Nous n'avons pas su porter le message de l’importance du rôle de l’Ordre. » Ce rôle de contrôle de l’Ordre s’exprime notamment au niveau du contrôle de la certification des infirmiers, obligatoire depuis janvier 2023, « nous n’arrivons pas à effectuer notre rôle de régulateur, en raison d’aléas réglementaires et de formalisation des processus », a-t-elle fait savoir. L’Ordre entend par ailleurs prendre « à bras le corps », le sujet des violences qui touche directement la profession, afin que les victimes soient mieux accompagnées. D’ici quelques semaines, l’instance va mener une consultation pour mesurer le poids des violences sexuelles et sexistes et trouver, avec les infirmières, des solutions.

Laure Martin

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