Chirurgie ambulatoire : des infirmières libérales prennent le relais

19/03/2013

Chirurgie ambulatoire : des infirmières libérales prennent le relais

À l’initiative de l’Union régionale des professionnels de santé – infirmiers (URPS) de Picardie, certains patients opérés en ambulatoire peuvent désormais être pris en charge par des infirmières libérales dès leur retour à domicile. Une première en France.

Baptisée Isipad, pour "intervention soins infirmiers post-ambulatoire à domicile", l’expérimentation a débuté en février dans le secteur de Compiègne et de Noyon (Oise). En Picardie, 40 % des actes chirurgicaux sont réalisés en ambulatoire.

À l’origine, explique Marie-Odile Guillon, infirmière libérale et présidente de l’URPS-infirmiers de Picardie, un constat simple mais récurrent : « Après des opérations en ambulatoire, ils existent parfois des problèmes qui, s’ils ne sont pas toujours importants, peuvent le devenir en l’absence d'une prise en charge et d’une surveillance adéquates, et qui nécessitaient parfois une réhospitalisation. Bref, il est temps que l’on arrête de parler de coordination des soins et de parcours de soins du patient, il faut passer à l’acte ! »
 
Expérimentation

Forte de ce constat, l’URPS-infirmiers a proposé fin 2012 à l’agence régionale de santé (ARS) de Picardie que les infirmières libérales puissent, sur prescription du chirurgien ou de l’anesthésiste de l’hôpital, se rendre au domicile des patients opérés le soir-même de leur sortie et le lendemain matin.

« L’ARS nous a ensuite invités à exposer notre projet lors de la journée régionale de chirurgie ambulatoire, poursuit la présidente. Certaines équipes médicales ont jugé que ce dispositif n’était pas nécessaire, estimant sans doute que tout était parfait ; d’autres, en revanche, se sont montrées très intéressées, notamment l’hôpital de Compiègne, qui a finalement été retenu comme site pilote de l’expérimentation. Très rapidement, nous avons organisé une journée d’information, à laquelle étaient conviés les cabinets de soins infirmiers du Compiégnois et du Noyonnais. Quelque 40 libérales du secteur ont fait le déplacement et, dans la foulée, nous avons lancé un cycle de formation avec l’équipe de chirurgie ambulatoire de Compiègne afin, notamment, de mieux appréhender les conditions de cette chirurgie et de mieux maîtriser la prise en charge de la douleur. Pour partie, cette formation a été assurée par des infirmières de l’hôpital. »
 
Une quinzaine d’actes de chirurgie inclus

Sur les 38 actes réalisables en ambulatoire, une quinzaine, tels les hallux valgus et les hernies inguinales, ont été retenus pour cette expérimentation. « L’objectif de ce projet, conduit en partenariat avec l’Assurance maladie et qui s’inscrit dans le cadre du programme d’actions régionales du développement de la chirurgie ambulatoire, est d’améliorer la qualité et la sécurité des soins et de renforcer la coordination des soins entre la ville et l’hôpital », précise Rezak Idris, co-chef de projet du programme à l’ARS Picardie.

Isipad permet, en outre, d’inclure des patients qui, jusqu’alors, du fait de leur fragilité physique ou psychologique ou de leur isolement, n’auraient pas pu bénéficier de ce type de chirurgie. Concrètement, le jour de la consultation pré-opératoire, le chirurgien au regard de la situation de son patient, prescrit les deux visites infirmières. La prescription peut aussi être délivrée le jour-même de l’intervention ; dans ce cas, l’infirmière référente de chirurgie contacte sa collègue de ville pour qu’elle planifie sa visite à domicile. En cas de complication constatée par l’Idel, cette dernière peut, à tout moment, contacté l’unité de chirurgie ambulatoire.
 
Retours positifs

Ce dispositif innovant sera évalué en fin d’année. S’il est pertinent, il pourrait être étendu à d’autres interventions et à d’autres établissements de la région. « Les premiers retours des patients et des médecins sont déjà très bons », commente Marie-Odile Guillon.

Bémol : le paiement des actes infirmiers libéraux. La nomenclature générale des actes professionnels (NGAP) ne prévoit pas, en effet, de cotation pour ce type d’intervention. En attendant des propositions « sérieuses » de l’Assurance maladie, indique l’URPS-Picardie, les Idel ne peuvent, pour l’heure, facturer leur travail.
 
Françoise Vlaemÿnck

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