Le Conseil national de l’Ordre des infirmiers a mené, courant mai, une nouvelle consultation infirmière sur l’accès aux soins dans les territoires et les conditions d’exercice du métier. Les infirmiers ont de nombreuses idées pour réformer le système de santé.
Un peu plus de 40 812 infirmiers ont répondu à la consultation infirmière (1) de l’Ordre national des infirmiers (Oni). Comme le révèlent les résultats de l’enquête, ils sont inquiets (93 %) concernant l’organisation du système de santé, source d’inégalité aussi bien pour eux que pour leurs patients. Ils estiment (96 %) que les délais d’attente sont longs pour obtenir des rendez-vous avec des professionnels de santé et que l’accès aux services d’urgences est restreint et difficile (75 %). Ils sont par ailleurs 68 % à considérer qu’il n’existe pas d’égalité d’accès aux soins sur leur territoire d’exercice.
Un manque de reconnaissanceFace à ce constat, le rôle des infirmiers, acteurs de santé de proximité, paraît indispensable. 74 % des répondants pensent que la démarche « d’aller vers » les patients les plus âgées ou isolés répond aux enjeux de santé de leur territoire et 71 % estiment qu’en exerçant leur métier, ils renforcent le lien social sur leur territoire d’exercice. Mais si 8 infirmiers sur 10 se disent fiers d’exercer leur métier, près des deux tiers des répondants regrettent que leurs compétences et leur rôle auprès des patients ne soient pas reconnus dans leur territoire. Ils estiment (71 %) ne pas pouvoir consacrer suffisamment de temps à chacun de leur patient, se déclarent insatisfaits (68 %) de la coopération entre les professionnels de santé sur leur territoire d’exercice, et insatisfaits (61 %) de l’équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle.
Renforcer le rôle infirmiersolutions prioritaires ressortent de la consultation de l’Oni, notamment l’application de ratios infirmiers par patient, de jour comme de nuit, en établissement. Les infirmiers souhaitent également être davantage associés aux politiques de santé publique. Ils sont en effet 74 % à ne pas se sentir bien informés des politiques publiques de santé déployées sur leur territoire d’exercice et 52 % à estimer que les politiques de prévention ne sont pas adaptées aux spécificités de leur territoire. 86 % aimeraient que les infirmiers soient plus nombreux dans les instances de gouvernance des établissements de santé.
Réformer le décret d’actespriorité pour changer la donne ? Actualiser le décret d’actes infirmiers, afin de l’adapter à la réalité de leur exercice. Parmi les évolutions souhaitées : 86 % pensent qu'il faut favoriser la reconnaissance et le renforcement des soins relationnels effectués par l'infirmier. La profession souhaite également que soit conféré davantage de responsabilités aux infirmiers en matière de prévention et d'éducation thérapeutique, sans prescription médicale (70 %), mais aussi davantage d'autonomie : développer la consultation infirmière sans prescription médicale (60%), permettre l'accès direct des patients aux infirmiers en ville et en établissement (59 %) ou encore autoriser la prescription des actes simples (58 %).de demandes d’évolution aujourd’hui analysées par l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), actuellement chargée d’une mission visant à proposer une réforme du décret d’actes.
Laure Martin
1- Consultation réalisée par Internet du 13 au 30 mai 2022 auprès de l’ensemble des infirmiers inscrits au tableau de l’Ordre.
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- Martin L., « Décret d’actes infirmiers : l’Igas chargée d’une mission pour réformer le texte », Espaceinfirmier.fr, le 06/05/2022
- Martin L., « Présidentielle 2022 : l’Oni formule ses recommandations pour les présidentiables », Espaceinfirmier.fr, le 17/02/2022.
- Renaud A., « L’Ordre veut aller au-delà d’une refonte du décret d’actes », Espaceinfirmier.fr, le 13/10/2021.
- Renaud A., « L’Ordre infirmier présente un livre blanc plein d’ambitions », Espaceinfirmier.fr, le 13/11/2019.