La Ville de Lyon recrute actuellement des candidats en service civique pour des missions d’animation dans les Ehpa et Ehpad de la ville. Bilan de cette expérience, près d'un an après son lancement.
Á la Résidence Charcot, un Ehpa lyonnais, des retraités répondent au quizz inventé par Camille Ollagnon. « Cette activité ludique ressuscite leurs souvenirs », commente la jeune femme, souriante et dynamique. « Auparavant, je m’étais occupée d’enfants. Ici, fini les jeux de ballon et les histoires de fées… J’ai cherché des activités convenant à des personnes âgées. »
Étudiante en arts du spectacle, Camille a été recrutée par le Centre communal d’action sociale (CCAS) de la Ville de Lyon, dans le cadre d’un service civique de onze mois - 24 heures par semaine. Ces missions émanent de collectivités ou d’associations agréées par l’Agence nationale du service civique. Elles répondent aux envies d’engagement humanitaire des 16-25 ans, sous un statut juridique sécurisé, et sont essentiellement financées par l’Etat, qui leur verse environ 465 euros nets mensuels par mois. « Une centaine d’euros complémentaire me sont payés par le CCAS, complète Camille. C’est un petit coup de pouce financier. Mais, j’avais surtout envie d’aider des gens, au sein d’une équipe. Je me plais bien ici. »
« Une bouffée d'oxygène pour le service »
« Son intégration est réussie », confirme Dominique Greco, la tutrice chargée de l’encadrer, également adjointe de direction. « Pourtant, au départ, j’avais peur qu’elle soit un poids… Mais, après avoir regardé vivre nos résidents, elle a su inventer des ateliers leur convenant : bricolage, cuisine, etc. C’est une bouffée d’oxygène pour le service. » Que pense Camille de sa mission ? « Elle m’a appris à devenir plus convaincante, à persévérer. Car, motiver des personnes âgées n’est pas toujours simple ! Leur participation se fait par petits groupes. Certaines personnes ne font que regarder. L’essentiel est qu’elles ne s’isolent pas chez elles… Parfois, j’arrive à créer des envies. Par exemple, le jardinage, pratiqué avec des outils adaptés, a d’abord suscité de la méfiance. Au final, les haricots poussent bien et une résidente a introduit des géraniums dans son logement. » De petites victoires qui en valent bien des grandes.
« Depuis un peu plus d’un an, nos missions d’animation ont recueilli 38 candidatures, dont 20 rejetées (âge inférieur à 18 ans, étudiants aux horaires incompatibles avec ceux des services), informe Marie-Annick Hamon, responsable du secteur gérontologie au CCAS de Lyon. 18 personnes ont été entendues en entretien. Une poignée de diplômés qualifiés en psychologie ont été orientés en Ehpad, où il faut un minimum de connaissances pour côtoyer certains malades. Les autres recrues envoyées en Ehpa avaient souvent arrêté leurs études en CAP ou en BEP, elles étaient en phase de réorientation. Si une partie d’entre elles s’intègre bien à nos équipes, d’autres nous ont déçus car elles ne sont pas suffisamment motivées et autonomes. Une exclusion a aussi été prononcée pour cause d’absences répétées. »
Susciter des vocations
Ce mois-ci, le CCAS se lance dans le recrutement de 18 nouveaux candidats, pour six mois. L’Agence du service civique informe « qu’elle encourage effectivement actuellement plutôt la conclusion de contrats durant 6 ou 8 mois, éventuellement assortis d’une demande de prolongation, que ceux faisant d’emblée entre 6 et 12 mois non renouvelables, afin de ne pas concurrencer l’emploi ».
« J’espère que ces missions susciteront des vocations pour devenir animateur, aide-soignante ou aide médico-psychologique, conclut Marie-Annick Hamon. Nous sommes aussi très satisfaits de l’association Unis-Cité, qui intervient en complément dans nos Ehpad avec un groupe de cinq jeunes en service civique. Leur dynamique d’ensemble est très intéressante. »
Texte et photo : Chantal Béraud.