Lorsqu’elle est touchée par un cancer du sein triple négatif de grade 3 avec mutation génétique, Delphine Vanier tombe des nues face au coût des nombreux accessoires qu’elle doit acquérir. En 2022, à l’issue de son parcours, dans un élan de solidarité, elle crée Crabette, un site de revente d’accessoires « seconde main », utiles pendant la maladie.
Crabette est une grande chaîne solidaire nationale d’accessoires d’occasion à petits prix pour traverser au mieux la maladie. Pour les personnes souhaitant vendre leurs accessoires directement, ils peuvent publier leur annonce sur le site Crabette. Ceux préférant en faire don à Crabette me contactent en me mentionnant le poids du colis avec l’ensemble des accessoires qu’ils souhaitent donner. Je leur fais alors parvenir une étiquette prétimbrée et à réception, je m’occupe de prendre en photos les accessoires et de les mettre en vente à petits prix sur le site Internet. Le tarif fixé permet de couvrir les frais d’envoi et de fonctionnement de la structure.
Je mets en vente tout type d’accessoires utiles pendant la maladie : perruques, bonnets de chimiothérapie, turbans, soutiens-gorges post-mastectomie, brassières post-opération ou encore prothèses mammaires qui se glissent. Je reçois principalement ceux pour les femmes, mais je récupère aussi ceux pour les hommes et les enfants. J’ai aujourd’hui environ 1000 accessoires disponibles sur le site.
Comment est née l’idée de Crabette ?J’étais cheffe d’entreprise lorsque j’ai appris que j’avais un cancer du sein. En raison d’une mauvaise gestion avec mon assurance prévoyance, j’ai perdu la moitié de mes revenus tout en étant confrontée à de nombreuses dépenses générées par la maladie. J’ai dû acheter des accessoires qui ne sont, certes, pas indispensables, mais qui participent à faciliter le quotidien et le rendre supportable tels que des perruques pour l’alopécie, des vernis à ongles spéciaux, des crèmes, des brassières post-mastectomie, des prothèses ; de nombreuses dépenses peu ou non prises en charge par l’Assurance maladie et/ou ma mutuelle. L’ensemble de mon parcours de soins a finalement été assez chaotique car j’ai voulu prioriser les besoins de mes enfants de 1 an et 2.5 ans à l’époque. J’ai donc tout misé sur l’aide à domicile.
Pourquoi avoir voulu créer ce site Internet ?Pendant mon parcours, je me suis beaucoup questionnée sur ce que je pouvais faire pour qu’aucune femme n’ait à vivre ce que j’ai vécu et pour que toutes puissent s’offrir ce dont elles avaient besoin pendant leur maladie. A l’issue de ma prise en charge, je me suis retrouvée avec tous les accessoires que j’avais achetés, encore en bon état et dont je n’avais plus l’utilité. J’ai alors contacté des institutions toulousaines pour leur donner, mais elles n’ont pas mis en place de filière de récupération des équipements. C’est de cette manière que j’ai eu l’idée de Crabette.
Où en êtes-vous de votre parcours professionnel ?Aujourd’hui, j’ai arrêté mon entreprise initiale dans le domaine du service à la personne car je n’avais plus la force de gérer les ressources humaines. Je me consacre entièrement à Crabette, mais je ne peux pas encore en vivre. J’ai besoin de vendre plus de volume. Cette activité est très importante à mes yeux. 95 % des produits vendus sur le site sont issus de dons. Je pense que cela permet aux femmes qui donnent, de terminer leur parcours sur un geste positif. Je reçois aussi des dons d’institutions ou d’entreprises, qui organisent des collectes. Personnellement, cela m’aide beaucoup de m’occuper de Crabette, il s’agit d’un projet de résilience. Lorsque quotidiennement je reçois et je renvois des accessoires, cela me nourrit de quelque chose de positif.
Lien vers le site Internet : https://www.crabette.fr/