Crise économique : les infirmières européennes malmenées

22/02/2012

Crise économique : les infirmières européennes malmenées

La crise économique touche de plein fouet un grand nombre d'infirmières en Europe. Le rapport que vient de publier la Fédération européenne des associations d'infirmières (EFN) dresse un tableau plutôt sombre, dans lequel la France n'est pas, ceci dit, le pays le plus durement touché.

Diminution du nombre de postes d'infirmières, réduction et/ou gel des salaires, arrêt des recrutements, non-paiement des heures supplémentaires, congés maladie et départs à la retraite non remplacés, chômage... Tel est le lot de bien des infirmières dans la plupart des pays européens du fait, notamment, de la crise économique, indique la Fédération européenne des associations d'infirmières (EFN), qui a publié en janvier dernier un rapport sur le sujet, issu des rapports d'associations d'infirmières de 34 pays. Certains pays tirent leur épingle du jeu, comme la Norvège, le Luxembourg et la Suisse. A l’inverse, les infirmières des pays non membres de l'Union européenne, et celles de la plupart des derniers arrivés au sein de l'UE (des pays plus pauvres), traversent des périodes très difficiles.
Plus à l'ouest, les infirmières irlandaises, espagnoles, portugaises et grecques connaissent elles aussi de très graves difficultés : leurs conditions de travail, leurs opportunités de carrière, mais aussi leur formation, se sont dégradées et, par voie de conséquence, la qualité de soins et la sécurité des patients  est menacée, insiste l'EFN. Ce constat n’épargne pas plupart des pays, mais, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Italie, ou en Pologne, les difficultés sont tout de même moins brutales.
 
« Augmentation de la charge de travail »
La France a peu contribué au rapport de l’EFN. Mais ce dernier pointe cependant une augmentation de la charge de travail des infirmières dans l’hexagone, aggravée par la diminution du nombre de postes. Pour Brigitte Hérisson, secrétaire générale de l'ANFIIDE (Association nationale des infirmières et infirmiers diplômés d'Etat), membre de l'EFN, la crise économique réduit au maximum le nombre de soignants et, de ce fait, leurs « possibilités d'exercer l'art infirmier comme ils le souhaiteraient ». « On se demande vraiment, poursuit-elle, comment répondre aux besoins des patients, qui sont de plus en plus nombreux, avec de moins en moins d'infirmières à leur chevet. » La bonne volonté des soignants, comme de leur encadrement, atteint ses limites... « On est vraiment au creux d'une vague dont on espère sortir », ajoute la secrétaire générale de l’ANFIIDE.
Les infirmières libérales françaises perçoivent aussi les effets de la crise, souligne Brigitte Lecointre, présidente de l'ANFIIDE, particulièrement « sur le nombre d'actes et la complexité des situations à prendre en compte », auxquelles elles doivent consacrer davantage de temps. Les patients sortent de plus en plus tôt de l'hôpital, et la précarité de certains ne leur permet pas d'adopter les comportements alimentaires imposés par leurs pathologies, ou de se procurer les médicaments non ou mal remboursés. Selon Brigitte Lecointre, « l’investissement intellectuel et humain des Idel augmente de ce fait considérablement. »
 
Tous les parlementaires européens, ainsi que les membres des commissions européennes, ont reçu le rapport de l’EFN, indique Paul de Raeve, secrétaire général de l'EFN. Selon lui, il y a urgence à œuvrer : l'innovation dans les systèmes de santé s’impose, la clarification des rôles de ses différents professionnels aussi. La directive sur la mobilité professionnelle des infirmières, en rediscussion actuellement au niveau européen, devrait aussi, ajoute-t-il, offrir des opportunités aux infirmières prêtes à tenter l'aventure, au moins temporairement, du travail à l'étranger.   
 
Géraldine Langlois

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