12/09/2008

De fermeture en sursis, les populations se mobilisent pour sauver leurs maternités

Pas de répit cet été pour les maternités. Celle de l’hôpital de Moze à Saint-Agrève, en Ardèche, a fermé ses portes le 22 août. Début septembre, le tribunal administratif de Lyon a rejeté un recours en référé visant à annuler la fermeture malgré une mobilisation active de la population locale.

Dans son ordonnance, le tribunal a estimé que l'hôpital de Moze "ne parvient pas à démontrer que la couverture chirurgicale, pédiatrique et d'imagerie médicale de sa maternité aient été, à la date de la délibération attaquée, conformes aux exigences de fonctionnement imposées par le code de santé publique ». Prenant acte de la décision du tribunal, le conseil d’administration de l’hôpital, à l’origine du recours contre la fermeture a décidé d’en rester là et a voté en faveur de la transformation de la maternité en Centre périnatal de proximité (CPP). En 2007, la maternité de Saint-Agrève avait réalisé 185 accouchements.

Quelques jours après la fermeture de Saint-Agrève, la maternité de l’hôpital de Valréas, dans le Vaucluse a appris avec un demi-soulagement qu’elle bénéficiait d’un sursis de quatre mois. Alors que la fermeture était prévue pour le 31 août, l’Agence régionale de l’hospitalisation a décidé de proroger l’activité de soins de gynécologie obstétrique du Centre Hospitalier de Valréas, jusqu’au 31 décembre 2008, mais pas au-delà.

Le tribunal entend donner à l’établissement « le temps nécessaire à la mise en place d’un centre de périnatalité de proximité dans de bonnes conditions ». La maternité de Valréas accueille actuellement 350 à 360 accouchements annuels.

Au moins le personnel et les patients de la maternité de Juvisy-sur-Orge, dans l’Essonne, ont-ils encore un peu d’espoir. Le 3 juillet, le conseil d'administration de l'hôpital a voté en faveur de l’avis d'un bureau d'étude préconisant la fermeture du service. Le président du conseil d'administration de l'hôpital et maire socialiste de la commune, Etienne Chaufour, a déposé un recours devant le tribunal administratif de Versailles.

Avant-hier, entre 200 et 300 personnes, hostiles à la fermeture, se sont réunies en présence d’élus locaux et ont manifesté brièvement devant l’hôpital. La maternité de Juvisy procède à quelque 900 accouchements par an. Une pétition contre la fermeture, lancée en juillet, a rassemblé quelque 9.000 signatures.

Même la maternité de Carhaix, dans le Finistère, que l’on croyait tirée d’affaire, pourrait s’avérer de nouveau menacée. Sauvée de la fermeture grâce à de longues semaines de mobilisation acharnée des habitants de cette commune bretonne au printemps dernier, la maternité de Carhaix voit son horizon s’obscurcir de nouveau après la publication le 1er septembre d’un rapport du Pr Bertrand Fenoll et du Dr Dominique Lengrand, présidents des commissions médicales d'établissement (CME) du CHU de Brest et de l'hôpital de Carhaix.

Ce « projet médical » sur lequel 53 professionnels de santé des hôpitaux de Brest, Carhaix, Morlaix et Quimper ont travaillé, préconise la fermeture de la maternité et sa transformation en centre périnatal de proximité. « La maternité ne peut être conservée, les critères de sécurité, proximité et qualité ne sont pas réunis. Il n'y a que 1,5 poste de gynécologue et plus d'anesthésiste, cela fonctionne avec des intérimaires qui coûtent trois fois plus cher », écrivent les auteurs.

Et le comité de défense et de développement de l’établissement de reprendre la lutte, en appelant à un énième rassemblement, vendredi 19 septembre à 18 h, devant l’hôpital.

La Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, qui défend le droit des femmes à accoucher près de chez elles, a réclamé cet été le déclenchement immédiat d’un moratoire sur les fermetures de maternités.

En 30 ans, le secteur a connu une véritable saignée. On est passé de 1.379 maternités en France en 1975 à 584 début 2008. Plus de 100 maternités ont été perdues depuis 2001. Et ce n’est visiblement pas terminé.

Le projet de loi « Hôpital, patients, santé, territoires » que Roselyne Bachelot doit défendre devant le Parlement avant la fin de l’année prévoit l’organisation de communautés hospitalières de territoire où les établissements de santé travailleraient en réseaux sur un modèle de spécialisation beaucoup plus prononcé qu’aujourd’hui. Pour des raisons tant financières que de sécurité sanitaire, l’idée est d’en finir avec l’hôpital généraliste qui propose, partout, tous les services ou presque, et de passer à la spécialisation des établissements, quitte à rallonger le temps de transport pour accéder à un service.

C. A.

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