© Florence Ambrosino
SALON INFIRMIER
Depuis 2018 et l’encadrement de la pratique avancée, après la réingénierie de la formation, les lignes du métier infirmier ne cessent de bouger. L’idée de mission prend le pas sur celle d’acte. Florence Ambrosino, spécialiste de la pratique avancée, a porté le sujet lors d’un échange au Salon infirmier qui s’est déroulé du 8 au 10 novembre dernier.
L’infirmière effectue des tâches. Mais gère aussi tout un ensemble d’activités afférentes non comptabilisées, non quantifiées. « Tout ce qui est de l’ordre de l’éducatif, du préventif, de l’accompagnement de la personne dans le parcours de soins…, liste Florence Ambrosino, ancienne infirmière libérale (Idel) à Marseille, responsable de formation continue et cofondatrice d’une start-up dont l’objectif est d’accompagner et de suivre les patients sous thérapies anticancéreuses orales au domicile. Personne n’est rémunéré pour faire le lien entre les différents acteurs. » C’est là que peut intervenir l’infirmière en pratique avancée (IPA), « avec une mission d’accompagnement, le champ de connaissance de l’infirmière est élargi. On va au-delà du socle », souligne la spécialiste.
L’IPA développe une activité transverse, de leadership, de collaboration, de recherche, d’enseignement, « et assure aussi une activité de suivi clinique du patient en alternance avec le médecin », complète Florence Ambrosino.
Nouvelle identitéMais l’IPA peut faire peur. Une Idel venue assister à la conférence s’est exprimée à ce sujet : « J’ai l’impression qu’on rajoute une couche et j’ai du mal à trouver ma place entre le patient et l’IPA. »
« Il n’y aura que 2 à 5 % maximum de la population qui passera en IPA, répond Florence Ambrosinon. Une IPA va changer la nature de sa pratique. En libéral, elle ne fera plus d’actes par exemple. Elle fera de la clinique, du renouvellement de traitement… Ce n’est pas une concurrente mais un renfort ! »
La difficulté réside dans les contours de l’identité de cette « infirmière qui n’en est plus vraiment une, qui n’est pas non plus un médecin. Qui revient en tant qu’experte, mais novice dans ce nouveau rôle ».
« Coach » en santéLa spécialiste aime voir loin et un avenir plus sain : « C’est un ministère de la maladie plus que de la Santé que l’on a aujourd’hui. Comment doit-on faire pour maintenir une population en santé plus que pour traiter la maladie ? Avec de l’éducation, de la sensibilisation, de la prévention, de l’accompagnement, tout ce qui va retarder l’entrée dans la maladie. Je vois bien une IPA qui deviendrait une sorte de coach en santé au sens large ! Et accompagnerait dans un parcours de non-malade. »
En attendant, une première promotion d’IPA urgences va sortir de formation l’été prochain.
Thomas Laborde