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Longtemps essentiellement verbale, on assiste de plus en plus à des agressions physiques contre le personnel soignant. Des actes de violence qui génèrent beaucoup d’incompréhension et de remise en cause pour les personnels, peu ou mal préparés aux agressions.
L’hôpital, qui accueille toutes les souffrances liées à la maladie, les angoisses, les désarrois et toutes les précarités, n’est plus à l’abri de la violence, quelle que soit sa forme. Les équipes sont de plus en plus confrontées aux impatiences et aux tensions des patients et de leurs proches, qui n’hésitent plus à enfreindre les règles simples de la civilité et du respect. Des actes de violence qui génèrent beaucoup d’incompréhension et de remise en cause pour les personnels, peu ou mal préparés aux agressions, car leur mission est avant tout d’aider ces mêmes patients. Dans nombre de cas, ces agressions se soldent par des traumatismes physiques et psychologiques (dépression, névrose post-traumatique, épuisement professionnel avec perte de motivation), source d’arrêts de travail, et certains ne reprennent leur activité que la peur au ventre. Longtemps essentiellement verbale, on assiste de plus en plus à des agressions physiques contre le personnel soignant.
Jusqu’à ces dernières années, l’attention a été focalisée sur les violences se produisant dans les services d’urgences, souvent motivées par une attente jugée interminable, dans des unités surchargées. Mais dans la réalité, toutes les structures hospitalières sont affectées. En 2013, parmi les 17 500 victimes de violence déclarées au sein d’un établissement de santé (1), 94 % étaient des professionnels de santé, dont 46 % d’infirmiers. Les secteurs les plus touchés étaient les services de psychiatrie, devançant les services d’urgences, de gériatrie et de médecine. Les agressions physiques représentaient 36 % des cas déclarés. Lors de ces incidents, le personnel hospitalier est souvent en première ligne et doit gérer seul l’agression. Souvent favorisées par l’alcoolisation ou la toxicomanie, ces violences répondent à des causes multiples, allant du reproche relatif à une prise en charge à un diagnostic non accepté, en passant par un temps d’attente jugé excessif, un refus de prescription, l’absence d’information…
Des pistes peuvent toutefois aider à limiter ces agressions. Leur prévention nécessite, outre l’analyse systématique des actes de violence par une cellule multidisciplinaire, de renforcer temporairement le personnel et de limiter l’accès de l’entourage du patient après identification des moments délicats, la réorganisation des services pour avoir une réelle politique d’accueil afin de diminuer les temps d’attente. Il peut aussi être utile de repenser l’agencement des locaux pour ne pas avoir une salle de repos dans une zone de passage par exemple. Après un acte de violence, il paraît indispensable que l’établissement encourage systématiquement le dépôt d’une plainte et la demande de réparation des préjudices subis sur les plans moral, matériel et corporel. Et le personnel doit pouvoir bénéficier d’une procédure d’accompagnement. Enfin, cela commence à se faire, il faut apprendre aux agents à repérer et désamorcer un conflit naissant, à détecter les personnes et groupes à potentiel de violence, et à garder, en toutes situations, le contrôle des événements et la qualité des soins due aux clients… non, aux patients.
1- Rapport 2014 portant sur l’année 2013 de l’Observatoire national des violences en milieu de santé.