05/04/2016

Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer

Dialysée depuis 1994, Galatée a de quoi être une « impatiente ». Ses témoignages résonnent comme des appels au respect des droits des malades. C'est l'invité du mois de L'Infirmière magazine

Février 2007, 2e année de greffe rénale. Je souffre de déshydratation chronique à cause des médicaments anti-rejet. Je dois passer une coloscopie. Je suis hospitalisée la veille au soir. Je dois terminer la préparation et boire un litre de plus. Je passe une nuit d’angoisse. J’ai peur des anesthésies générales.

Je suis réveillée tôt et je dois boire encore un peu de préparation. À 10 h, le brancardier vient me chercher. J’arrive à la salle d’attente du bloc. Il y a beaucoup de brancards. Ça m’inquiète. Je suis là depuis 30 mn, je commence à avoir froid. J’ai juste un drap et la blouse. J’espère qu’un soignant va passer. Une heure. J’ai froid. J’ai mal au ventre, je dois aller aux toilettes. Je ne suis qu’en blouse et j’ai été prémédiquée, j’ai peur de tomber en m’y rendant. 30 mn plus tard, quelqu’un, enfin ! Un IDE? Je lui demande une couverture et à aller aux toilettes. Il me répond que c’est bientôt mon tour. Je sens qu’il n’a pas que ça à faire, mais j’insiste, je suis vraiment malade. En râlant, et en ajoutant qu’il n’y en avait vraiment plus pour longtemps, il me lève et m’accompagne aux toilettes à côté, heureusement, car je suis un peu groggy. Il me dit qu’il m’attend, que je n’ai qu’à taper lorsque j’ai terminé. Quand je tape, rien ne se passe. J’ouvre. Il n’y a personne. Un peu dépitée, je tente désespérément de fermer la blouse pour rejoindre mon brancard. J’y retourne doucement, j’ai peur de tomber. Je me recouche. Je sens les larmes monter. On m’a oubliée? 20 mn après, l’IDE réapparaît. Il me demande comment j’ai fait pour revenir. Il me dit que j’aurais dû l’attendre. «Allez, on y va !».

Je me mets à pleurer. Je suis au bloc. Un anesthésiste approche un masque de mon visage : «Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer…» À ces mots, je me mets à hyper-ventiler. J’ai encore plus peur. Il injecte un produit dans ma perfusion. Ça pique. Je m’endors.

> La confiance est la clé d’une relation patient-soignant réussie. Malheureusement, il est très facile de briser cette confiance. Dans cet état de fragilité dans lequel se trouve le patient, le moindre désagrément, même s’il est jugé mineur par les soignants, peut prendre des proportions importantes. Je suis maintenant capable de m’exprimer et communiquer davantage avec l’équipe. Mais je pense que tout nouvel entrant dans le système de soins doit se trouver aussi démuni que moi à l’époque.

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