Au-delà des aspects budgétaires, la réforme de la prise en charge de la dépendance prendra-t-elle vraiment en compte les souhaits des personnes et la prévention? Par Aude de Calan, coordinatrice d’atelier santé-ville à Nanterre (92).
(Chronique parue dans L'Infirmière magazine n°276,
1er avril 2011)
Le chantier dépendance est annoncé avec toute une batterie de dispositifs : site Internet, groupes de travail, débats interdépartementaux et colloques interrégionaux. Nous pourrions nous en réjouir en imaginant qu’enfin, il y aura une réelle consultation. Et pourtant, il est difficile de ne pas ressentir quelques inquiétudes, et de nombreuses questions restent. À qui va plus particulièrement bénéficier ce plan ? À ceux qui ont des familles présentes et aidantes, à ceux qui auront les moyens de payer une partie des coûts ? Quel sera le choix des réponses à mettre en œuvre ? Où se situe la prévention ?
Depuis de nombreuses années, des familles, des professionnels ont élaboré, créé et mis en place avec pragmatisme et intelligence des manières de prévenir la perte d’autonomie : ateliers équilibre, ateliers mémoire, visites médicales régulières, logement adapté, ou téléassistance. La liste est loin d’être exhaustive. Qu’allons-nous faire une fois de plus de toutes ces expériences ?
Ceux que nous n'entendons pas
Le mot efficience est sur toutes les lèvres. Entre l’organisation de douze séances de prévention des chutes pour une personne et une hospitalisation pour fracture du col du fémur, le rapport financier est de 1 à 100. Et pourtant, la prévention demeure le parent pauvre.
Comment va être traitée la dépendance des habitants âgés des 700 foyers de travailleurs migrants ? Celle des familles en situation précaire qui n’auront ni les moyens humains ni les moyens financiers de l’assumer ? N’oublions pas ceux que nous n’entendons pas ! J’ose croire qu’avant d’élaborer le futur plan, les acteurs de cet immense chantier se seront penchés sur les souhaits des personnes concernées et de leur famille et sur le retour d’expérience des professionnels de terrain. Si la prise en compte du coût est nécessaire, elle ne doit pas être l’unique prisme d’analyse.
Espérons que le chantier en charge de trouver des mesures concrètes pour rester chez soi parlera des personnes et des moyens de prévenir la dépendance et non pas uniquement d’argent, de dépenses et de soins.