Les internes en médecine, parfois formatés pour le travail à l'hôpital, feraient bien d'effectuer quelques stages à domicile afin de se frotter à d'autres réalités. Par Marie-Claude Daydé
Idel et membre du comité scientifique de L'Infirmière libérale magazine
Monsieur C., ayant des antécédents thromboemboliques et des problèmes cardiaques, est habituellement sous AVK. Il vient de se faire opérer de lithiases biliaires et son traitement a été relayé par des héparines à bas poids moléculaire. Sa sortie de l’hôpital se profile… car on ne peut pas dire qu’elle se prépare. En effet, l’AVK est redonné au patient dès le jeudi matin pour une sortie le le vendredi après-midi et l’interne projette, prescription de sortie à l’appui, un contrôle d’INR à soixante-douze heures, donc le dimanche matin !
L’infirmière libérale qui accueille le patient au domicile le vendredi soir (il est aussi diabétique insulinotraité) n’a, pour commencer, aucune information sur la prise d’AVK du jour. Le traitement a-t-il été donné ou pas ? Le patient a des problèmes de mémoire, ne se souvient pas et aucune traçabilité dans les documents transmis ! A domicile, ce traitement est pris de préférence le soir, permettant ainsi de modifier le dosage le jour même lorsque le contrôle d’INR (effectué le matin) n’est pas satisfaisant. Contact téléphonique est pris avec l’interne du service, confirmant, après moult recherches, que le traitement a été donné le matin. L’infirmière en profite pour lui expliquer que l’INR ne pourra être réalisé le dimanche car les laboratoires d’analyses médicales sont fermés. Grand étonnement de celui-ci, persuadé que « les laboratoires de ville » assurent un tour de garde, comme les pharmacies ! Si nos chers internes pouvaient être un peu moins formatés par le système hospitalier, on n'en serait pas là.
Pour résoudre le problème, l’interne propose de prélever l’INR le dimanche et de le porter au labo le lundi matin. Si, si, véridique ! Comme vous le pensez bien, autant prélever le lundi matin. D’autant que les laboratoires d’analyses médicales, en pleine démarche qualité, recommandent que ce prélèvement soit rapidement acheminé au laboratoire et qu’ils ne réaliseront donc pas une analyse sur un prélèvement effectué dans de telles conditions. Puisqu’il nous faut conclure, et que le propos n’est pas de blâmer les internes, sans qui les hôpitaux seraient encore plus pauvres, soutenons plutôt le développement des stages d’internes en médecine générale à domicile.