Le 3 février dernier, la Fondation nationale de gérontologie organisait un colloque sur la prévention et le vieillissement de la population, qui a permis de donner quelques pistes sur le type de modèle économique et social à mettre en œuvre pour assurer une réelle politique de prévention en la matière.
« Sur le plan macroéconomique, il est difficile de mesurer la part du coût de la prévention dans l’assurance maladie », a expliqué Thomas Barnay, maître de conférences en sciences économiques à l’université Paris-Est Marne-la-Vallée, intervenant au colloque organisé par la Fédération nationale de gérontologie sur le thème « prévention et vieillissement ». Les actions de prévention représenteraient seulement 2,5 % des dépenses de santé en France, soit six milliards d’euros. « Un chiffre qui montre bien que nous sommes quasiment dans le tout curatif », a-t-il précisé. La prévention pourrait pourtant reposer sur différents piliers a souligné Thomas Barnay : l’amélioration de l’accès aux soins, l’attention portée aux groupes à risque, ou la mise en place d’une politique globale sur tous les cycles de la vie. « Il faudrait cibler les mesures de prévention sur des populations, par secteurs, et par maladies professionnelles », a-t-il résumé.
Pour une réelle politique de prévention
Comme l’a indiqué Nicole Bohic, médecin de santé publique et chargée de la prévention des maladies chroniques à la Direction générale de la santé (DGS), il y a des préalables à la santé : la paix, le logement, l’éducation, l’accès à l’alimentation, le revenu, un écosystème stable, une justice sociale, l’équité, ou encore des ressources durables. « Aujourd’hui, la crise économique en France renforce la nécessité de réfléchir à la persistance des inégalités de santé », a-t-elle souligné. Nicole Bohic a ainsi suggéré de mettre en place un plan d’action de santé publique pour la lutte contre les AVC, qui représentent un événement de santé fréquent et grave avec 135 000 nouveaux cas par an, dont la moitié chez les plus de 75 ans. Les facteurs de risques connus (hypertension, tabac, manque d’activité physique, obésité abdominale ou encore mauvaise alimentation) expliquant 80 % des AVC, une politique de prévention en la matière serait particulièrement pertinente.
Agir sur les facteurs sociaux
Rolland Cecchi-Tenerini, directeur de la santé à la MGEN a insisté, pour sa part, sur l’importance des facteurs sociaux en matière de dépendance. Ainsi a-t-il estimé nécessaire de gérer les facteurs de risques professionnels, comme le stress au travail, « pour prévenir les dégâts ». « Il faut préparer la retraite, et retarder le processus de perte d’autonomie et d’entrée dans la dépendance », a-t-il ajouté.
L’évaluation du Plan national bien vieillir (PNBV), mis en œuvre de 2007 à 2009, a aussi permis de tirer plusieurs enseignements, a rappelé Jean-Pierre Aquino, gériatre, médecin de santé publique, et président du PNBV : l’importance des actions de proximité, de la mise en place des schémas de prévention et d’autonomie, et d’un équilibre nécessaire entre actions collectives et individuelles. Un nouveau plan est d’ailleurs en cours d’élaboration, et Jean-Pierre Aquino a évoqué l’idée de créer un Comité national de coordination et de prévention de la perte d’autonomie. Cette structure, jugée prioritaire par la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, Roselyne Bachelot, devrait voir le jour en mars 2012.
Laure Martin
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