02/04/2009

Dépistage du cancer de la prostate : des propositions pour lutter contre les insuffisances actuelles

Le 1er avril, Bernard Debré, député UMP et professeur de médecine, a livré à la presse les conclusions d’un rapport de l’OPEPS (1) sur le dépistage du cancer de la prostate. Malgré les progrès accomplis, il a souligné les insuffisances actuelles, dues notamment à l’hétérogénéité des pratiques et une information imparfaite des patients.

« Le cancer de la prostate est un cancer très fréquent, le deuxième chez l’homme avec 60 000 nouveaux cas par an », souligne d’emblée Bernard Debré.
Le célèbre urologue et député UMP, chargé de dresser devant la presse le bilan de la politique de dépistage du cancer de la prostate (2), commence par les motifs de satisfaction. « Grâce au test sanguin du PSA, le dépistage du cancer de la prostate est devenu en moins de dix ans un examen de routine, qui concerne aujourd’hui des millions de Français de plus de 50 ans. Le cancer de la prostate est mieux diagnostiqué et l’on connaît mieux son incidence… »

Selon les résultats partiels d’une étude épidémiologique à grande échelle menée en Europe (3) le dépistage permettrait une diminution de la mortalité de 20 %.
« Un traitement précoce des cancers de la prostate est la meilleure garantie pouvant exister de guérison définitive et complète, insiste Bernard Debré. Pour cela, il faut détecter les cancers lorsqu’ils sont encore localisés au niveau de la prostate, alors qu’ils sont asymptomatiques et que seul le dépistage permet de les déceler. »
Hélas, un quart des actions de dépistage sont encore réalisées au-delà de la limite d’âge supérieure recommandée par les associations professionnelles (75 ans).

Ce n’est d’ailleurs pas la seule insuffisance relevée par l’étude de l’OPEPS
L’hétérogénéité des pratiques, associée à une information imparfaite des patients, nuit à la qualité du dépistage. « La pratique des tests de dépistage, si elle est répandue, n’est pas toujours conforme aux référentiels en vigueur, regrette Bernard Debré. Le test du PSA est souvent pratiqué de manière isolée, le suivi n’est pas toujours régulier et lorsque le test est positif, le résultat est souvent exploité de manière aléatoire, suscitant des examens de confirmation aussi variés que redondants. »
Cette disparité se manifeste également sur le plan géographique, avec des régions peu actives (Bretagne, Basse-Normandie, Champagne-Ardenne, Poitou-Charentes ou Bourgogne) et d’autres à forte activité de dépistage (Alsace, Paca, Île-de-France).

L’étude livre enfin un inquiétant constat, relatif aux phénomènes de surmortalité spécifique apparemment liés à des formes de cancer plus agressives. L’apparition de cancers chez des personnes jeunes est à cet égard préoccupant, car leurs taux de survie sont inférieurs à ceux des personnes plus âgées. Ce phénomène conduit à préconiser le dépistage du cancer de la prostate dès 50 ans.

Pour améliorer la détection de ces cancers agressifs, qui menacent la vie des patients à moyen terme, le rapport recommande de compléter le seul dosage du PSA par les instruments actuels : mesure du rapport PSA libre/PSA total et suivi de la vélocité du PSA. Sans négliger de préparer l’avenir via la recherche et l’expérimentation de nouveaux marqueurs tumoraux plus sélectifs.

Pour contrer la mauvaise exploitation des tests de dépistage constatée dans l’étude, il convient d’individualiser l’usage du dosage de PSA, de mettre en place des instruments de suivi des conditions de dépistage et de développer les référentiels de prise en charge à l’issue d’un test positif.
Enfin, le rapport se prononce en faveur de campagnes de dépistage organisé, « indispensables pour réduire les inégalités d’accès au dépistage », trop dépendant du degré d’information des patients.

ALAIN TRONCHOT

1- Office parlementaire d’évaluation des politiques de santé.
2- L’OPEPS a confié le 5 mars 2008 à l’Association française d’urologie la réalisation d’une étude de neuf mois destinée à dresser le bilan du dépistage du cancer de la prostate en France. Ce sont les conclusions de cette étude que le Pr Debré présentait à la presse le 1er avril.
3- L’étude ERSPC concernait 162 243 hommes d’un âge compris entre 55 et 69 ans. Ils étaient répartis en deux groupes : un groupe d’hommes chez qui le dépistage du cancer prostatique n’était pas réalisé et un autre groupe d’hommes bénéficiant du dépistage. Après un suivi de neuf ans en moyenne, l’incidence du cancer prostatique était de 8,2 % dans le groupe dépistage, versus 4,8 % dans le groupe contrôle et la mortalité significativement moindre (en baisse de 20 %).


LE CANCER DE LA PROSTATE EN FRANCE
- 150 000 personnes sont actuellement touchées.
- 60 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année.
- 27 800 opérations chirurgicales ont été pratiquées en 2007 (contre 6 800 en 1998).

- Le coût moyen de la prise en charge est évaluée à 12 700 euros sur 5 ans.

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